Par CAS-INFO
La Republique Démocratique du Congo retient son souffle. Dans quelques semaines le pays sera enfin fixé sur le fait que le chef de l’État Joseph Kabila se présente ou non pour un troisième mandat à la tête du pays. Si le principal intéressé maintient avec une certaine efficacité le suspense, son parti, le PPRD, s’appuyant sur la révision constitutionnelle de 2011, exprime désormais ouvertement son désir de voir son champion se porter à nouveau candidat à sa propre succession. Une démarche qui rappelle de façon troublante la crise burundaise.
Car pour nombre d’observateurs à l’instar du Professeur Bob Kabamba, il ne fait aucun doute, Joseph Kabila sera candidat. Interrogé mercredi sur RFI, le chercheur congolais spécialiste de la science politique est convaincu que le Front commun pour le Congo, la toute nouvelle plateforme électorale du Président, ne pouvant pas désigner un dauphin dans les prochaines semaines, cela « accrédite la thèse d’une potentielle candidature de Joseph Kabila aux élections du 23 décembre 2018 », a-t-il suggéré. Une candidature que compte bien soutenir le PPRD. Dans une longue note publiée en réponse à l’appel à la mobilisation par le Comité laïc de coordination contre le chef de l’État, le parti présidentiel soutient en effet que la révision constitutionnelle de 2011 [qui a fait passer la présidentielle de deux tours à tour unique] avait remis les compteurs à zéro. Ce qui, par conséquent, donnait droit à Joseph Kabila, vainqueur en 2011, de prétendre non pas à un troisième, mais à un second bail au Palais de la Nation.
Nkurunziza – Kabila, même combat ?
Après plusieurs mois de bras de fer, de violences et de dialogues, le chef de l’État qui a épuisé ses deux mandats il y a environ deux ans le 20 décembre 2016 semble avoir trouvé une dernière carte susceptible de le maintenir en poste. Il faut dire que le scénario a fonctionné au Burundi voisin, un pays dont la crise politique est souvent comparée à celle que traverse la RDC.
Arrivé au Pouvoir en 2006 à la suite des accords d’Arusha et d’un vote organisé au Parlement faute de fichier électoral notamment – avant de remporter le suffrage universel en 2010 pour son second mandat – le Président Pierre Nkurunziza qui devait passer la main en 2015, sut, subtilement, trouver une brèche dans la constitution pour légitimer son troisième mandat pourtant violemment contesté par l’opposition. La loi fondamentale burundaise stipulant que les élections devaient se dérouler au suffrage universel, la victoire du chef de l’État élu au Parlement [en 2006] par les élus et non le Peuple ne pouvait tout simplement plus être considérée comme un premier mandat. La suite, la région des Grands Lacs la connait.
Réélu en 2015 pour un 3e mandat, Pierre Nkurunziza a depuis réussi à reformer la constitution avec la possibilité de rempiler jusqu’en 2034. Un tour de passe passe constitutionnel qui pourrait bien inspirer chez le géant voisin ?
Kabila il joue avec le feu.