France, débat.

La France a connu mercredi soir le pire débat de l’entre-deux tours de son histoire des présidentielles. Le verdict des commentateurs politique français à l’issue du face à face entre la candidate du Front National Marine Le Pen et le leader d’En Marche Emmanuel Macron a été sans appel. Et ils n’ont pas tort.

En effet, on était bien loin des confrontations d’anthologie des années 1974 avec Valery Giscard et Mitterrand, de 1988 entre Mitterrand et Chirac ou encore il y a 10 ans lors du duel Sarkozy – Royal en 2007, qui ont tant fait rêver de nombreux Africains passionnés de la politique française.

Dès l’entame, Marine Le Pen a ouvert le feu sur le « candidat du système » et « de la mondialisation sauvage ». Là où Emmanuel Macron renvoyait à plusieurs reprises des « arrêtez de dire des bêtises ».

Un débat agressif. Peut-être un peu trop agressif. Parce que Marine Le Pen cherchait à tout prix à réinstaller l’ancien ministre de l’économie dans le bilan du quinquennat de François Hollande. Tandis qu’Emmanuel Macron qui s’en est échappé malicieusement dénonçait à tout moment le mensonge et l’absence de projet chez son adversaire.

Une denrée rare en Afrique

Quoi qu’il en soit, en France, on débat et les Français voteront dimanche pour élire un nouveau Président. Ce qui n’est pas le cas pour de nombreux Africains, privés des débats et de démocratie dans de nombreux pays du continent.

Au sud du Sahara, pour voir des prétendants à la magistrature suprême débattre de cette façons est chose rare. C’est même un manque de respect pour les présidents sortants candidats à leurs propres successions.

Il faut, néanmoins, remonter à 2010 en Côte d’Ivoire où les frères ennemis Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo avaient merveilleusement étonné les Africains dans un débat télévisé de qualité. Sauf que, quand on chasse le naturel, il revient très vite au galop, les deux candidats ivoiriens ont fini par se mesurer avec des chars de combats dans les rues d’Abidjan.

En RDC, le face à face tant attendu entre Joseph Kabila et Jean Pierre Bemba au second tour de la présidentielle de 2007 n’a jamais eu lieu après le refus du camp présidentiel. Alors que Vital Kamerhe, alors, directeur de campagne du chef de l’État expliquait que le débat n’était pas possible. Que Jean Pierre Bemba considéré comme agressif risquait de sauter et de griffer son adversaire, avait ironisé l’ancien président de l’assemblée nationale pour échapper au rendez-vous.

En France, malgré le projet jugé très dangereux de Marine Le Pen sur la sortie de l’Euro, la fermeture des frontières et le protectionnisme économique, Emmanuel Macron a, lui, accepté de débattre et de révéler au grand jour les « incohérences » de la candidate du Front national. Même si, il faut le reconnaitre, ce débat là ne restera pas dans l’histoire pour la qualité de son contenu, mais, à cause de sa violence verbale.