Macron, Le Pen

Les sondages ne se sont pas trompés. Dans deux semaines, les Français auront le choix entre la présidente du Front national Marine Le Pen et le leader d’En Marche Emmanuel Macron. Un résultat inédit, car les deux candidats ne sont pas issus des partis traditionnels qui tiennent le jeu politique français depuis plus de 30 ans.

Pour autant, malgré son jeune âge séduisant sur le continent africain et la qualification historique du Front national au second, Emmanuel Macron et Marine Le Pen proposent tous deux une politique de l’immigration musclée :

Fin de la binationalité pour les Africains, grosse menace sur les sans-papiers et le regroupement familial, pour Marine Le Pen. « Nous n’avons plus rien à leurs offrir », s’est même fendue la fille du sulfureux Jean Marie Le Pen lors d’une intervention télévisée pendant cette campagne.

Dans les mots doux, mais sur la même lancée, Emmanuel Macron ne dit pas autre chose. « On ne peut pas expliquer aujourd’hui aux Français que d’un côté on est en train de stabiliser sur le plan militaire un pays, qu’on est en train de l’aider à développer ses propres infrastructures […] et que de l’autre côté, on ne sait pas signer un accord de reconduite à la frontière quand quelqu’un n’a pas de titre de séjour », a, récemment déclaré sur Rfi le candidat d’En Marche.

Pour juguler l’immigration, les deux qualifiés sont d’accord qu’il faut aider l’Afrique. Un plan d’aide estimé à plus de 16 milliards d’Euros d’ici la fin de son mandat si Marine le Pen était élue. Une politique européenne « ambitieuse » d’aide publique au développement dans le cadre d’un dialogue exigeant avec les responsables africains, préconise l’ancien ministre de l’économie.

Soutien à la démocratie en demi-teinte

Concernant la position de deux candidats sur la démocratie dans une Afrique minée par l’épidémie de la présidence à vie, il y a des fortes probabilités que rien ne change pas vraiment. Marine Le Pen a beaux fustigé la Francafrique, pour sa première visite sur le continent en pleine campagne électorale, elle n’a pas choisi le Burkina Faso où une révolution de 2014 tente de favoriser l’implantation d’une véritable démocratie en Afrique de l’Ouest, ni au Bénin qui reste l’un des rares exemples pour les Africains. Elle est plutôt partie rendre visite à Idriss Déby, au pouvoir depuis 1990 avec l’aide de la France.

Emmanuel Macron n’aurait pas, lui, gardé silence comme François Hollande sur la réélection controversée d’Ali Bongo au Gabon. Mais il ne sera pas là non plus pour distribuer les bons et les mauvais, répète le candidat arrivé en tête du premier tour. Une sorte de « chacun pour soi » prôné par Marine le Pen.

Bref, à l’image d’une présidentielle pendant laquelle les Français auront eu du mal à dégager nettement leur futur président comme c’est souvent le cas, les Africains devront attendre avant de savoir de quelle tricolore sera vraiment habillé leur prochain partenaire au Palais de l’Élysée.