Joseph Kabila

Par CAS-INFO

Fin de suspense en Republique démocratique du Congo. Joseph Kabila ne briguera pas un troisième mandat. Longtemps soupçonné de chercher à se maintenir à son poste malgré l’interdiction par la Constitution, le chef de l’État, 47 ans, aura tenu en haleine tout le pays ainsi que la communauté internationale jusqu’au bout.

Joseph Kabila ne franchira pas la ligne rouge. Arrivé au pouvoir en janvier 2001 après l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila, élu à l’issue des élections de 2006-2007 avant d’être réélu en 2011 et laisser planer le doute sur ses intentions, le Chef de l’État se résout finalement à désigner le Secrétaire permanent de son parti, le PPRD, pour être le candidat de sa plateforme électorale, le FCC à la présidentielle du 23 décembre 2018, et potentiellement, son successeur à la tête du pays.

« Le pouvoir use. Il faut savoir partir »

Car Joseph Kabila a tenu à respecter sa parole d’« officier ». Alors qu’il entamait son premier mandat à la tête du pays, en juin 2007, le Président fraichement élu se confie au Magazine français, Jeune Afrique. « La Constitution vous donne droit à deux mandats de cinq ans. Vous devrez donc, si vous êtes réélu, quitter le pouvoir au plus tard en 2016, à l’âge de 45 ans. Ne serez-vous pas tenté de faire modifier cette disposition pour demeurer aux affaires ? », lui demande le journaliste. Réponse de Joseph Kabila : « La Constitution est sacrée ». Face à l’insistance de l’interviewer, il assure ne pas être comme les autres chefs d’États [qui modifient la loi pour se maintenir au pouvoir]. « J’ai donné ma parole d’honneur en promulguant cette Constitution, je n’y toucherai donc pas. Le pouvoir use. Il faut savoir s’arrêter ».

Un engagement sans doute honnête mais qui collera le chef de l’Etat à la peau, lui qui ne réussit pas à organiser les élections à la fin de ses deux mandats et se voit obligé de garder son poste au-delà du délai constitutionnel, avec l’aide de la Cour constitutionnelle. Conséquence, le pays sombre dans la violence. Les 19 et 20 septembre 2016, les manifestions de l’opposition contre son maintien au pouvoir font des dizaines de victimes. Kabila tente de calmer l’incendie en convoquant un dialogue politique à la Cité de l’Union Africaine, puis un deuxième, supervisé par l’Église catholique. Des pourparlers qui aboutissent à l’accord de la Saint Sylvestre que le Président n’applique pas dans sa totalité. Tout comme ses intentions qu’il ne dévoilera pas.

« Engagement non équivoque »

Sous la pression de l’opposition, des Mouvements citoyens et de la communauté internationale, Joseph Kabila, désormais hors mandat, maintient pourtant son cap. « Je n’ai rien promis du tout », lance d’ailleurs, en juin 2017, le chef de l’État, au journal allemand Der Spiegel. Répondant à la question sur sa promesse de respecter la constitution et provoquant un nouveau tollé. Quelques mois plus tard, Joseph Kabila change de fusil d’épaule. La question qui se pose à ses yeux, à présent, est le modèle démocratique, lui-même. Une posture que le chef de l’État, adepte, dès lors, de la rhétorique souverainiste et anti-occidentale, adopte. En s’interrogeant s’il fallait privilégier plutôt la démocratie ou le développement pour la République démocratique du Congo.

Mais, alors que le temps n’est pas le bon ami du chef de l’État, et que les élections fixées par la CENI au 23 décembre 2018, approchent à grand pas, Joseph Kabila prend soin de rappeler qu’il demeure un homme de parole, enclin à respecter la constitution. Son dernier discours à la nation, à travers le Parlement réuni en Congrès, le 19 juillet 2018, est l’occasion de le réaffirmer. « Le cap vers les élections reste maintenu et notre engagement à respecter la constitution demeure lui aussi aussi non équivoque », déclare le locataire du Palais de la Nation avant de designer trois semaines plus tard son ancien ministre de l’intérieur Emmanuel Shadary comme candidat pour lui succéder. Après 948 jours, soit plus de deux ans et demi, de suspense, Joseph Kabila renonce au Pouvoir.