RDC, Intervention militaire.

Par CAS-INFO

La Republique Démocratique du Congo s’expose-t-elle à une intervention militaire des forces régionales ? Plusieurs observateurs de la scène politique congolaise n’excluent pas cette éventualité en cas de débordement de la crise qui secoue le pays. Interrogé mercredi sur RFI, Bob Kabamba, chercheur en science politique et Professeur à l’université de Liège, expliquait ainsi qu’un recours à la force par l’Union africaine et les pays de la région était une option envisageable pour rétablir l’ordre constitutionnel au cas où le chef de l’État Joseph Kabila venait à se présenter pour un 3e mandat.

Expert des questions sécuritaires et de défense, Jean-Jacques Wondo redoute lui aussi le même risque de voir le pays passer par une solution militaire. Joint par CAS-INFO, le responsable du site desc-wondo.org consacré en grande partie aux questions sécuritaires estime toutefois que ce cap est loin d’être franchi. « Plusieurs dirigeants des pays de la sous-région se sont ouvertement prononcés sur le risque de déstabilisation de la région en cas de dérapage de la crise congolaise, qui passe notamment par une troisième candidature de Joseph Kabila ou l’usage de la machine à voter », explique-t-il.

Si l’auteur de « Les Armées au Congo-Kinshasa. Radioscopie de la Force publique aux FARDC » prévient que l’Angola, qui préside l’organe de la sécurité de la SADC « envisage ou prépare préventivement quelques scénarios qui pourraient impliquer une intervention militaire régionale identique à celle des troupes de la CEDEAO en Gambie en janvier 2017 », comme il nous explique. Il préfère cependant à ce stade rester prudent. « Je ne pense pas qu’une décision ferme ne soit déjà prise à ce sujet », confie le spécialiste.

Le scénario d’un recours à la force ne semble pourtant pas faire peur à Kinshasa. « Nous attendons les bombardiers, mais on ne les a jamais vus », ironisait ce jeudi sur CAS-INFO, le Secrétaire général adjoint de la Majorité Présidentielle, Joseph Kokonyangi (lire notre article). Pour autant, de l’avis de Jean-Jacques Wondo, plusieurs signes qui se sont multipliés ces derniers mois montrent que la sérénité n’est pas de mise : L’Angola qui avertit que la SADC n’accepterait pas un nouveau report des élections, le Botswana qui reproche ouvertement le Président congolais de vouloir se maintenir au pourvoir ou encore les déclarations inhabituelles de Paul Kagamé évoquant en marge de la remise du prix Mo Ibrahim en Avril 2018 à Kigali, l’impact du débordement de la crise congolaise sur les neuf voisins. Ajouter à cela la récente nomination de Didier Kazadi Nyembwe, « l’homme des missions périlleuses de Kabila », au poste d’ambassadeur extraordinaire de la RDC en Angola, comme le décrit Jean-Jacques Wondo dans son numéro du DESC de la semaine. Un signe selon lui que les nuages entre les deux pays [et la région] sont loin d’être dissipés.