Par Honorine Matondo, professeur des universités et analyste politique
Le président de la République, le gouvernement, les leaders politiques des différentes obédiences, les mouvements ecclésiastiques et citoyens et la CENI dirigée par Denis Kadima, tous ne jurent que par la tenue des élections dans le délai prévu par la constitution.
A l’international, la pression ne cesse d’augmenter sur la Commission électorale nationale indépendante pour obtenir des assurances sans ambiguïté quand à ce.
Aucune des personnalités influentes de la RDC, ni mouvements citoyens ou ecclésiastiques voir la communauté internationale et surtout la CENI n’envisagent le scénario d’un glissement du calendrier électoral, déjà vécu entre 2016 à 2018.
Face à cette incertitude des uns et des autres, Denis Kadima continue au nom de son organe, à faire montre de la volonté du respect scrupuleux du délai nonobstant quelques difficultés.
Chacun a sa part de responsabilité
Tous les acteurs doivent jouer leur partition pour l’aboutissement heureux du processus.
Le gouvernement doit dans le timing requis décaissé le fonds exigé pour la bonne évolution du processus sur terrain.
Le parlement de sa part doit déjà disponibiliser les lois qu’il faut, les partis politiques, mouvements citoyens et ecclésiastiques doivent à leur tour être flexibles pour faire évoluer les préparatifs des élections.
En ce qui le concerne, la CENI qui s’est toujours montrée déterminée, devrait doubler d’efforts pour rassurer tous les partenaires.
Dans cette logique, le comportement de Nicolas Kazadi , qui engage avec un énorme retard les dépenses liées au processus électoral, devrait avoir une mise en garde sévère du chef de l’État qui tient à l’organisation de bonnes élections dans le délai.
« Les salaires et les fonds destinés au fonctionnement quotidien de l’institution sont versés en temps et en heure, mais le décaissement en vue des opérations électorales posent davantage problème« , s’est indigné un membre de son entourage
Selon la même source, « le ministre des finances, n’a toujours pas débloqué début mai les fonds prévus à cet effet pour les mois de mars et avril – soit un total d’environ 66 millions de dollars« .
Plusieurs analystes, appellent le gouvernement à appuyer davantage l’idée de la trimestrialisation des versements comme souhaiter par la CENI afin de faciliter les déroulement du travail technique.
Alors que la présidence congolaise tablait dans un premier temps sur l’option consistant à financer seule les opérations électorales pour 2023, comme l’avait fait le régime de Joseph Kabila en 2018, elle est désormais plus tournée à tabler sur l’assistance technique, matérielle et financière de la communauté internationale. Si aucune demande n’a encore été formalisée de la part de Kinshasa, la CENI manquant de visibilité sur ses besoins à moyen et long terme, les Etats-Unis auraient d’ores-et-déjà fait part de leur refus de participer à un financement direct du scrutin. L’Union européenne (UE) serait pour le moment sur la même position.
La mutualisation des opérations CENI, ONIP, INS
Le gouvernement congolais a estimé lors d’une réunion du conseil des ministres que pour réduire les coûts, il faut la mutualisation du budget de la CENI avec d’autres instances chargées du recensement de la population, à savoir l’Office national d’identification de la population (ONIP), l’Institut national de la statistique (INS).
Pour d’aucuns, cette mise ensemble des opérations d’enrôlement des électeurs, identification et recensement des congolais pourrait occasionner le retard dans la mesure où sur le plan technique l’identification et le recensement en eux mêmes peuvent prendre jusqu’à 5 ans.
CAS-INFO a appris des sources dignes de foi que la centrale électorale, dans l’intérêt de tenir les délais constitutionnels, va lancer l’opération d’identification des électeurs et constituer une base de données que l’ONIP pourra récupérer et réaliser l’identification générale de la population.