RDC, USA.

Propos recueillis par P. Ndongo

Le président congolais entame ce mercredi une visite de 3 jours aux États-Unis. Selon la présidence congolaise, Félix Tshisekedi sera accompagné d’une dizaine d’opérateurs économiques. Preuve que les enjeux économiques seront au cœur de ce premier voyage du Chef de l’État à Washington. Héritier d’une économie en berne et des caisses publiques quasi creuses, que peut ramener Félix Tshisekedi des États-Unis ? L’économiste congolais Al Kitenge décrypte pour CAS-INFO cette première visite du nouveau président au pays de Donald Trump. Pour lui, les États-Unis ont beaucoup à offrir. Tout comme la RDC.

Que peut-on attendre de ce premier voyage de Félix Tshisekedi aux États-Unis ?
Ce voyage des États-Unis est un voyage important parce qu’il permet un certain nombre de contacts importants qui peuvent permettre, dans un avenir assez proche, qu’on mette la RDC sur la carte internationale. Nous avons des défis. L’un de plus grands défis c’est notre potentiel hydroélectrique qui est aux alentours de 100 et 110 mille megawatt. Du potentiel qui peut alimenter non seulement l’Afrique mais aussi une partie du monde. C’est de l’énergie propre qui demande à ce qu’un grand projet international, fait dans la transparence, avec la contribution de tout le monde, soit mise en place.

Pour ça, il est important que le Chef de l’Etat, au niveau des États-Unis, mette ça sur la table pendant les discussions. À côté de ça, il y a des choses qu’il faut savoir : les États-Unis restent malheureusement le meilleur du monde en matière militaire. Nous sommes un pays qui a été longtemps marginalisé et nous avons été sous embargo militaire pendant longtemps. Il est important aujourd’hui que nous soyons à mesure de rentrer dans les girons pour nous protéger et remettre de l’ordre sur le territoire. Ces deux agendas sont intensifs, à mon avis, pour pouvoir remettre la RDC sur la carte.

Après les élections du 30 décembre 2018, on a l’impression que les États-Unis sont très présents en RDC. Cherchent-ils à rattraper leur retard par rapport aux Européens ?
La place des États-Unis dans l’économie congolaise [est bien là]. Contrairement à ce que vous dites. Les Européens ne sont pas nos plus grands partenaires économiques. C’est la Chine [qui est] notre plus grand partenaire commercial et économique. C’est cela la réalité. C’était l’Europe à une époque mais [ce temps] est complètement dépassé. L’Amérique est en train de chercher comment retrouver sa place aux côtés de la RDC. Nous sommes quand même détenteur de 60% des réserves mondiales de cobalt et de 100% des réserves mondiales de Coltan.

Par ailleurs, nous sommes assis sur des grosses réserves d’uranium et donc c’est stratégiquement important pour les USA d’être en bon terme avec nous. Mais cela permet aux USA d’avoir un contrôle sur des matières radioactives. Je pense que nous les inquiétons au regard du passé récent où il y a eu des rencontres entre l’Iran et la RDC. Et ce sont des choses qui inquiètent d’une [certaine] manière les États-Unis. Nous devons être porteur des solutions aux États-Unis et en même temps nous devons être à mesure de soutirer des États-Unis des solutions pour des problèmes qui nous concernent.

À ce propos, on a vu les géants américains des technologies frapper à la porte pendant la dernière campagne. Peut-on déjà imaginer leur offensive sur le marché congolais ?
Il y a certainement une composante économique dans le voyage du Chef de l’Etat. Lorsque vous parlez de ces grandes firmes, cela semble logique. Moi, je pense que nous ne devons pas attendre que ces gens frappent à notre porte. Ces gens ont de l’argent. C’est à nous d’aller vers eux avec un agenda clair. En leur disant de manière claire ce que nous attendons de ces sociétés. Pour qu’elles viennent sous notre leadership. Dans un plan qui nous concerne. Sinon, nous serons toujours dans le plan des autres.

Eux, ils savent ce qu’ils veulent et nous ne sommes toujours pas au courant de ce qu’ils veulent. Il est important de notre part que nous sachons que nous devons avoir notre plan. C’est à nous de cibler avec qui nous voulons travailler. Comment allons-nous travailler et dans des plans qui sont les nôtres.