Par Yvon Muya
Quel avenir pour Lamuka ? Après avoir tenté une lutte qui semble tourner court, de la «vérité des urnes», la Coalition électorale qui a soutenu la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle du 30 décembre 2018, semble finalement résolu à se pencher sur sa reconstruction. Avant de poursuivre son combat pour la défense du respect « des pratiques démocratiques en matière électorale », ont indiqué samedi les six membres de la plateforme. Le moins qu’on puisse dire est que la tâche s’annonce rude.
Félix Tshisekedi épargné
Car, après avoir revendiqué haut la main être les vrais vainqueurs de la présidentielle, placé Félix Tshisekedi dans le rôle d’un simple «masque» pour Joseph Kabila et promis un soulèvement populaire, comment le clan Fayulu devait, d’abord, justifier cet inéluctable changement de pied et le fait qu’il s’inscrivait désormais dans un combat républicain ? Telle était l’équation compliquée que le candidat malheureux à l’élection présidentielle et les éléphants qui l’entourent étaient invités à répondre à Bruxelles.
D’autant compliquée qu’elle s’est même ressentie dans la longue réunion de 3 jours et le communiqué final qui l’a sanctionnée. Pas un seul mot sur Felix Tshisekedi censé pourtant être le principal bénéficiaire du trucage clamé des résultats électoraux. En lieu et place, Moïse Katumbi (absent lors de deux premiers jours du sommet), Jean Pierre Bemba, Adolphe Muzito, Freddy Matungulu, Mbusa Nyamwisi (absent quoique signataire de la déclaration finale), se sont bornés à s’acharner sur l’ex président Joseph Kabila, instigateur, de la fraude qui aggrave la crise de légitimité et constitue, selon eux, une menace à la paix et la sécurité nationales.
Qui sera le patron ?
Pris de vitesse par un Félix Tshisekedi qui s’installe jour après jours, à coup des travaux de réhabilitation d’infrastructures et des visites d’États dans la région, les dirigeants de Lamuka devaient trouver rapidement une parade. En faisant évoluer leur discours de la revendication de la victoire à la présidentielle qui fond comme du sucre à mesure que les jours avancent. En prenant une position qui soit en phase avec la réalité du terrain. Celle-ci se résume en un président en place et qui bénéficie non seulement d’une bonne image auprès des Congolais mais surtout que la quasi-totalité de la communauté internationale reconnu. Sans compter le fait que ce dernier s’apprête à se doter bientôt d’un nouveau gouvernement.
C’est en tout cas tout le sens de la transformation annoncée de la coalition électorale de Martin Fayulu en une plateforme politique dont les contours seront définis dans les prochains jours. Quelle sera sa mission ? Qui en sera le patron ? Voilà des questions cruciales auxquelles les conférenciers de Bruxelles seront à nouveau confrontés. Dans une équipe composée des plusieurs figures importantes de la scène politique congolaise dont un candidat qui vient de frôler une victoire présidentielle, difficile de ne pas imaginer une résurgence des vieux démons de Genève. Ce jour-là, partie chercher un candidat commun, l’opposition en était sortie déchirée. Quel sort réservera-t-elle à Lamuka dans cette phase de sa reconstruction?
Autrement élément à surveiller dans les prochains jours, l’attitude des cadres des partis membres de la coalition à l’égard des dirigeants CACH au pouvoir. On sait que certains, à l’instar de Christophe Lutundula, Claudel Lubaya, Delly Sessanga ou encore Gabriel Kyungu, tous proches de Moïse Katumbi, se montrent déjà plus ouverts à l’égard de Félix Tshisekedi. Tandis que les lieutenants de Jean Pierre Bemba, Ève Bazaiba, en tête, maintiennent un discours de fermeté à l’encontre du Chef de l’État. Entre l’ancien gouverneur du Katanga, qui voit encore en Félix Tshisekedi un « ami », l’ancien vice-président de la république, qui a continué à soutenir la thèse de la victoire de Martin Fayulu, et le candidat malheureux lui-même, qui qualifie Félix Tshisekedi de « marionnette » de Joseph Kabila… Sur quelle ligne se positionnera Lamuka nouvelle formule ?