Par CAS-INFO
Jean Pierre Bemba a beau été écarté de la course à la présidence de la république, il reste mesuré. « Bien sûr, nous allons continuer à défendre les intérêts de la population. On ne peut pas abandonner la population face à un gouvernement qui veut imposer un État de non-droit. », a declaré mercredi, l’ancien Vice-président de la république, interrogé par RFI.
Si le chef de file du MLC donne l’impression de se mobiliser pour défendre sa cause, le ton et les moyens qu’il se donne pour y parvenir laissent vraisemblablement penser à une bête, pas tant blessée que ça. Explications.
Joseph Kabila soigneusement épargné
Défait dans les urnes et par les armes il y a dix ans par le chef de l’État, Jean-Pierre Bemba s’est-il résolu de ne pas défier ouvertement Joseph Kabila ? Difficile de conclure dans ce sens. Force est cependant de constater que le choix des mots du candidat invalidé reste étonnement prudent et semble tout faire pour éviter soigneusement Joseph Kabila. Comme en témoignent les deux dernières sorties du leader du MLC dans la presse internationale.
Alors que des opposants, pourtant fraichement venus du camp présidentiel, comme Moïse Katumbi, ne mettent pas des gants lorsqu’ils ciblent « monsieur Kabila », qui, assenait, encore récemment, l’ex gouverneur du Katanga, « ne veut pas des vraies élections » ou encore s’en prennent à ce « régime » qui « continue sa folle répression », et que des opposants, de toujours, à l’instar de Félix Tshisekedi, fils de leader historique de l’UDPS, dans la droite ligne de son père, n’hésitent pas à pilonner la « Kabilie », un surnom pas tout à fait valorisant, du sytème au pouvoir, l’ancien Vice-président de la république préfère pour sa part les expressions « pouvoir en place » et « gouvernement » pour désigner ses adversaires au sommet de l’État. Sans jamais viser directement le President Kabila. « Je dirais que malheureusement, c’est sans surprise parce que, que ce soit la Cour constitutionnelle, que ce soit la Commission électorale indépendante, les deux sont inféodées et vraiment aux ordres du pouvoir à Kinshasa. », explique par exemple le « Chairman » au sujet de son exclusion. Là où, forcément, le nom de Joseph Kabila, aurait, sans aucun doute, sorti avec une telle ardeur, de la bouche d’un Étienne Tshisekedi ou d’un Martin Fayulu. Pour ne citer que ces deux opposants considérés comme tenant ou ayant tenu une ligne radicale envers le chef de l’État.
Légaliste et pacifique
Après avoir passé plus de 10 ans dans une prison de la cour pénale internationale, un record depuis la création de la CPI en 2002, Jean PierreBemba est sans doute devenu un opposant différent des autres. Personnalité politique parmi les plus populaires dans la capitale, « Igwe » ne privilégie pas pour autant l’option de la « rue » pour défendre sa candidature. « Bien sûr, la population a le droit de pouvoir défendre ses intérêts d’une manière pacifique et correspondant aux lois de ce pays. », tempère le légaliste Bemba. Lui qui depuis le début se montre favorable à une approche institutionnelle qui ne convainc ni lui-même ni personne au sein de l’opposition.
Écarté par une CENI qu’il dit « aux ordres », Bemba n’a pas hésité à faire recours à une autre instance tout aussi aux « ordres », selon lui : la Cour constitutionnelle. « Il y a toujours moyen de mener d’autres actions en justice, et ce sera fait d’ailleurs », envisage par ailleurs le candidat recalé qui n’exclut pas de saisir l’Union africaine. Bien loin de Kinshasa et de l’affrontement frontal de 2007.
Mr Jean-Pierre Bemba a bien raison de s’enfronter à Kabila. Car ça serait une distraction et même humiliant pour une personnalité comme lui.