Par Roberto Tshahe
Bras droit de l’opposant en exil Moïse Katumbi Chapwe, le député Françis Kalombo, également en dehors du pays, vide son sac. En exclusivité sur CAS-INFO, cet ex proche du chef de l’État, passé dans l’opposition, revient sur plusieurs débats, du moment, qui entourent son nouveau champion. La nationalité, les affaires judiciaires, « Ensemble ». Mais aussi, le retour au pays, de l’ancien gouverneur du Katanga, indéfiniment reporté.
Votre plateforme a annoncé le retour en juin prochain de Moise Katumbi, au pays. Ne craignez-vous pas les ennuis de la part de la justice congolaise ?
Moïse Katumbi n’a rien à avoir avec la justice. Il ne peut pas craindre la justice de son pays. À condition qu’elle soit indépendante. Et cette indépendance, on la met en doute. Lors de la rentrée judiciaire, vous avez vu combien le ministre Tambwe [de la Justice] a défini ce qu’il pensait de cette justice et comment ils rendent la justice. Si c’est cette justice-là, on ne craint rien. Nous sommes dans l’obligation de combattre cette injustice et de dénoncer ce qui se passe. Moïse n’a rien fait de répréhensible en RDC.
La Majorité a peur d’un candidat, Moïse Katumbi…
Tout ce qu’ils font, c’est du montage. Voilà pourquoi ces montages ne marchent pas. Il n’a rien à craindre. La majorité a peur aujourd’hui d’un candidat et c’est Moïse Katumbi. Déjà au départ, ils savent que s’il est candidat, il gagnera les élections et non seulement il gagnera mais ils auront du mal à lui voler cette victoire contrairement aux autres candidats. Voilà pourquoi ils ne peuvent que monter des histoires et tout cela ne marche pas. On sait que c’est la peur qui les anime, on comprend tout ça. La population ne peut pas continuer à accepter ce genre de comportements. Le Congo est un bien commun. Il est grand temps que les gens se rangent et qu’on vive dans un pays où l’Etat de droit existe réellement.
Qu’est-ce qui vous garantit sa sécurité à son retour ?
Nous savons que la Majorité [Présidentielle], avec la peur au ventre, qu’ils ont, fera tout pour l’insécuriser. Mais nous avons confiance en la population. Nous pensons que le peuple Congolais dans son ensemble, dans sa majorité, pense que Moïse [Katumbi] doit rentrer. Parce qu’il n’a rien fait et ils ont vu le bilan [de sa gouvernance au Katanga]. Moïse a un bilan, contrairement à tous les autres candidats et étant donné qu’il a un bilan, ils veulent le voir rentrer dans son pays et être président de la République. Il vivra au milieu de la population, qui va le sécuriser. Il fait confiance au peuple.
Comment jugez-vous ce débat sur la nationalité de Moïse Katumbi ?
Vous savez, ça ne devait même pas faire débat. Moi j’ai souffert et vous le savez pour défendre la nationalité. Ce combat contre les gens qui pointe les uns et les autres comme des étrangers, j’ai souffert [en luttant contre ce genre de débat]. Je suis le seul d’ailleurs, le premier qui a commencé à défendre le fait que Joseph Kabila était congolais. Puisse que les gens disaient on ne sait pas d’où il vient ? Où il est né ? Etc. Moi je le défendais. Je pense que j’ai demandé aux Congolais qu’on ne tombe pas dans ce piège là comme en Côte-d’Ivoire. Pourquoi ouvrir cette boite à pandore ? Dans ce cas nous allons vérifier pour tout un chacun. Vous le savez, Moïse est né au Congo. La dame qui l’a vu naitre est encore vivante. Contrairement à Kabila dont on ne sait même pas de quel coin il est sorti. On nous dit, quelque part dans un maquis mais qui a les témoignages ? Moïse a grandi, il a toujours été congolais. Il a fait l’école maternelle, l’école primaire et tout. Il parle les langues de chez nous. Mais à l’époque, Kabila qui ne parlait aucune langue – le Swahili qu’il parle est de Tanzanie – je l’ai défendu. Je dis qu’on ne tombe pas dans ce piège-là. Vous vous souviendrez que le ministre Mukena est passé à la télé, il a écrit un livre pour dire que c’est lui qui a donné l’identité Katangaise à Kabila et que Kabila a même changé sa signature… Mais je l’ai défendu en ce moment-là. Je dis, n’entrons pas là-dedans. Les congolais ont besoin d’autres choses. Ils ont besoin de quelqu’un qui doit les aider à aller de l’avant.
Qu’ils nous disent clairement que c’est eux la CENI…
S’il était arrêté ou si sa candidature était déclarée irrecevable, que deviendrait votre nouvelle plateforme ?
D’abord Moïse Katumbi n’a pas peur d’être arrêté. Vous savez que Rossy [l’activiste congolais assassiné] a payé de sa vie. Kapangala a payé de sa vie. Quel péché a-t-il commis ? Simplement demander l’application de l’accord [de la Saint Sylvestre] ? La décrispation ? Sans compter ceux qui sont morts en janvier 2015, pour avoir demandé le respect de la constitution. Les églises qu’on a gazées… Qu’ils nous disent clairement que c’est eux la CENI. Pensez-vous qu’on doit continuer à avoir peur ? Jusque quand ? En ce moment, les autres profitent parce que la population a peur. On doit rompre avec la peur parce que certains ont payé de leur vie. On ne va pas retenir la candidature de Moïse. Mais pour quelle raison ? Moïse a été candidat en 2006, en 2011, il a été gouverneur, trois fois élu au Congo. Il a un passeport congolais. Il a une pièce d’identité congolaise. Il voyage partout au monde… Alors, au nom de quoi vous allez refuser à un congolais [ d’être candidat ]. Il n’est pas condamné. Voilà pourquoi je donne raison à l’opposition lorsqu’elle crie que la CENI est PPRD. Lorsqu’on crie qu’il n y a pas de justice parce que c’est la CENI qui est habilitée à dire qui peut et qui ne peut pas présenter de candidature. Pourquoi la majorité doit crier que Moïse ne peut pas être candidat et sa candidature ne sera pas retenue ? Sur base de quoi ? Qui leur a donné ce pouvoir ? Lorsqu’ils échouent à organiser les élections, ils disent, c’est à la Ceni d’organiser les élections. Maintenant, lorsqu’il faut exclure un candidat, ils sont le premier à dire que tel ne peut pas l’être. Qu’ils nous disent clairement que c’est eux la CENI. En ce moment-là on comprendrait. Au cas contraire, ils remettent l’indépendance de la CENI en cause. D’où l’importance de pouvoir reformer cette CENI avant d’aller aux élections.
Est-ce que la plateforme « Ensemble » est-elle prête à faire alliance avec d’autres partis de l’opposition ?
On ne peut pas aller aux élections en pensant qu’on est seul. Si Moïse Katumbi lance un appel pour être ensemble, pour reconstruire la RDC, ce qu’il pense qu’en RDC il y a encore des hommes et des femmes qui ne sont pas encore avec lui. Maintenant, tout dépend de qui va conduire. Étant donné que Moïse Katumbi est un bon conducteur. Je pense que le plus important c’est le programme autour duquel ceux qui vont rejoindre Moïse Katumbi viendront. Mais ils peuvent aussi apporter quelques connaissances. Nous restons ouverts. Le plus important c’est le leadership.