Par CAS-INFO
Il est le héros de l’indépendance du Zimbabwe. Il était appelé à l’être davantage s’il avait décroché les crampons à temps. Au lieu de cela c’est un Mugabe confiné depuis 48 heures dans sa résidence d’Harare, par une armée décidée enfin de mettre fin à la recréation, qui sort par la petite porte.
Il est vrai qu’on assiste à une révolution de palais. Une guerre intestine entre la fameuse génération 40 incarnée par la première dame Grace Mugabe, d’un côté, et les vétérans de la guerre d’indépendance, de l’autre. La réalité est qu’on se retrouve bien face aux conséquences de la stratégie du flou entretenu par Robert Mugabe concernant sa succession. Une gifle en pleine figure du vieux président, qui n’a jamais voulu passer la main, à temps. Lui, qui s’apprêtait, encore, à 93 ans, à concourir à la présidentielle de 2018.
En laissant pourrir la situation autour de sa succession, et surtout, en cherchant à écarter l’un après l’autre, les amis de longue date, au profit de l’ambitieuse Grace Mugabe, le camarade Bob s’est mis tout seul dans une situation difficile. Son piège s’est retourné, à vitesse grand V, contre lui.
Mais au-delà du Zimbabwe et de Mugabe, c’est tout le continent qui s’est vu rappelé sa réalité quotidienne de ses chefs d’États qui s’accrochent et qui ne veulent pour rien au monde préparer leur « après ». C’est le cas, au Cameroun, où tout le monde n’a d’yeux que pour Paul Biya, 84 ans, au pouvoir depuis 1982. « Biya passe 3 mois en dehors du pays et il y a pas un seul général qui a le courage des zimbabwéens », s’est laissé aller un internaute camerounais, à l’image de nombreux Africains qui voient dans l’intervention de l’armée zimbabwéenne dans le champ politique matière à inspiration. Au Congo Brazzaville, après le referendum de 2016 suivi des élections remportées par l’actuel président, Denis Sassou Nguesso, aux commandes depuis 30 ans, est parti pour encore durer. En l’absence d’une véritable opposition, il domine la scène politique du pays de la tête aux pieds.
De l’autre côté du fleuve Congo, à 46 ans, Joseph Kabila, lui, est au cœur des interrogations. À un an de la présidentielle enfin programmée par la Commission électorale nationale indépendante, le chef de l’État – que l’opposition soupçonne de vouloir se maintenir au pouvoir indéfiniment – n’a toujours pas désigné son dauphin. Attend-t-il le dernier moment pour se décider ? À Kinshasa, y compris, au sein de la MP, la Majorité au pouvoir, personne n’a la reponse à cette question, à part, Joseph Kabila lui même. Attention tout de même au syndrome Mugabe. C’est sans doute la mise en garde qu’a le mérite d’adresser, les déboires de Robert Mugabe, à tous les présidents ou aspirant à la présidence à vie sur le continent.