Quelle stratégie l’opposition congolaise va-t-elle adopter face à la Majorité au Pouvoir en cas du report des élections au-delà du 31 décembre 2017 ? Depuis l’annonce le vendredi 7 juillet dernier par le président de la Ceni de l’impossibilité de tenir l’échéance fixée par l’accord de la Saint Sylvestre, les adversaires de Joseph Kabila réagissent beaucoup. Mais parlent-t-ils vraiment d’une même voix ? En apparence, oui. Lorsqu’on y regarde de près, en revanche, cela semble moins évident. Décryptage…
Il y a d’abord la petite bombe de la semaine. Lâchée à Limete. Devant des centaines de supporters et s’exprimant en tant que Secrétaire général adjoint de l’Udps, Félix Tshisekedi n’a pas attendu pour se projeter (déjà) dans l’après 31 décembre. Et en cas d’absence d’élections ce jour-là, a-t-il expliqué à des militants survoltés, une courte transition devrait être mise en place. « Sans Joseph Kabila », mais avec une personnalité consensuelle « désignée par la classe politique », a détaillé le fils de l’opposant historique.
#RDC «Une courte transition sans Kabila en cas d’absence d’élections», @fatshi13 dévoile son plan de sortie de crise https://t.co/q3AZCgZ0Ye pic.twitter.com/OXIJFY339i
— CAS-INFO (@cas_info1) 11 juillet 2017
Si les militants ont exulté saluant pour certains un « réarmement moral » de la part du nouveau leader de l’Udps, ce n’est pas le cas des autres partenaires de l’Opposition restés étonnamment silencieux. Habituellement, les sorties médiatiques des membres de l’opposition sont relayées dans une chaîne de soutien sur les réseaux sociaux. Surtout lorsqu’il s’agit d’une « attaque » contre Joseph Kabila. Silence radio cette fois-ci – depuis l’officialisation du plan « Fatshi » d’une nouvelle transition. Par Contre, le président de l’Écidé, Martin Fayulu, a même donné l’impression de vouloir préciser la ligne portée par son groupe. « Pour la Dynamique, élections ou pas élections en 2017, Monsieur Kabila doit partir », a, tweeté, le député, le 12 juillet. Soit, 24 heures après le meeting de Félix Tshisekedi. Sans faire allusions à une proposition aussi importante à ce stade de la crise. Par ailleurs l’usage de la préposition « pour » – « pour la Dynamique » – peut donner à penser à une certaine volonté d’insister.
Pour la Dynamique, élection ou pas élection en 2017 M. Kabila doit partir. Peuple congolais préparons-ns pour utiliser l’art 64 de la Const. pic.twitter.com/j6XWsKuD4x
— Martin Fayulu (@MartinFayulu) 12 juillet 2017
Membre influent du Rassemblement, le G7 a, de son côté, dans son communiqué du 10 Juillet, réclamé la publication du calendrier électoral en rappelant que la date buttoir était le 31 décembre 2017. Plus incisif encore, le président de l’UDA Originelle Claudel André Lubaya prône pour sa part ni plus ni moins la « reddition » du régime Kabila. Tandis que Sindika Dokolo, sur la même tonalité sensibilise « pour que le peuple se tienne prêt ».
Bilan. Unanimité sur deux sujets : dénonciation de Corneille Nangaa et départ du chef de l’État. En revanche, peu ou pas du tout d’emballement à l’idée d’une nième transition version Félix Tshisekedi. Un sympathisant de l’opposition y est même allé d’un commentaire prostestataire sur internet ciblant une manière de « démobiliser les gens ».