Jean Thierry Monsenepwo Mototo
Membre de la Conférence des Présidents de l’Union Sacrée

Les Congolais avaient pris l’habitude ces 26 dernières années de ne recevoir en provenance du Rwanda qu’une avalanche de coups de feu, d’obus et de missiles en guise d’hégémonisme d’un pays décidé à se servir de la rente mémorielle du génocide de 1994 pour mettre sous coupe réglée le Géant d’Afrique centrale. Peu disert dans ses activités terroristes couvertes d’une chape de plomb, le leader de la principauté militaire rwandaise semble avoir décidé de changer le fusil d’épaule en s’illustrant par une rhétorique vexatoire qui tranche avec sa légendaire perfidie larvée. L’opinion a été servie en début de semaine par une attaque verbale aussi inattendue qu’injustifiée de l’homme fort de Kigali jouant les oiseaux de mauvaise augure sur le processus électoral rondement mené par une Commission Electorale Nationale Indépendante qui vient de taire toutes les divergences en publiant un calendrier électoral somme toute rassurant. Essoufflé par une stratégie belliciste sclérosée, le tortionnaire du peuple congolais honni de l’ensemble des patriotes congolais essaie ainsi de semer fébrilement la discorde en mettant sur la sellette le Président Félix-Antoine Tshisekedi qu’il accuse toute honte bue de vouloir différer les prochaines élections générales pour se maintenir au pouvoir. Quatre ans après sa victoire à la dernière présidentielle organisée par un régime dont il était le principal opposant, le Chef de l’Etat congolais est même accusé de n’avoir pas été élu régulièrement par un dictateur impénitent soucieux de dissimuler le génocide qu’il a commis en terre congolaise derrière une hypothétique instrumentalisation de l’insécurité à l’Est par Kinshasa pour s’exonérer de l’obligation constitutionnelle d’organiser les élections. Habitué à bidouiller des simulacres d’élections au Rwanda, Paul Kagame fait semblant d’ignorer que dans un Etat pluraliste comme la République Démocratique du Congo qui n’a jamais aussi bien porté son nom, le processus électoral échappe entièrement au Président de la République, fût-il le garant du bon fonctionnement des institutions. Au pays de Lumumba, l’organisation des élections échoit à une institution d’appui à la démocratie voulue indépendante et apolitique par le constituant. Quoi qu’il est en soit, Paul Kagame vient de réussir un record saugrenu : celui d’être le premier tyran, arrivé au pouvoir par les armes et l’ayant conservé pendant trois décennies grâce à la terreur, qui parvient à traiter un Chef de l’Etat exerçant son premier mandat obtenu démocratiquement d’illégitime.

En effet, au-delà de la vacuité de fond qui a caractérisé les accusations gratuites et sans fondement de Kagame contre le leadership congolais, la surprenante langue pendue de Kagame cache mal la peur panique de celui qui a vendu au monde entier le miracle rwandais, basé sur une orthodoxie de gestion totalement chimérique. L’usure du temps aidant, le régime de Kigali, ayant usé et abusé de la ruse et de la supercherie, fait désormais face à ses responsabilités, plus précisément par rapport au déni de démocratie en interne, et à l’exportation systématique de la violence en vue du pillage des ressources naturelles de la République Démocratique du Congo. Il se trouve malheureusement que le cercle vicieux de la violence dans l’optique de consolider à tout prix le mirage de prospérité de l’Etat rwandais devient de plus en plus insoutenable pour la conscience universelle.


Le Bal des Chauves


Kagame a prononcé le mot « démocratie ». Pourtant le Rwanda, comme chacun le sait, n’est qu’une prison à ciel ouvert depuis l’accession au pouvoir, dans une mare de sang, de Paul Kagame et ses séides. Au pays de mille collines, tout avis contraire à celui du FPR est sanctionné par la réclusion, ou carrément par une exécution sommaire. Les cas de feu KAREGEA Patrick, tué dans un hôtel en Afrique du Sud, ou encore de Paul Rusesabagina, cet opposant qui a, lui au moins, eu la chance de s’en sortir avec 25 ans de prison, sont plus qu’illustratifs de l’obsession du régime rwandais à éliminer par des moyens létaux toute forme de voix discordante. Les exemples sont légion et ne peuvent donner lieu à aucune énumération exhaustive, même si l’on peut mettre en évidence des cas emblématique tels que ceux de Boniface Twagirimana, Alphonse MUTABAZI, voire Christophe Kayumba. La règle d’or de la gouvernance selon Paul Kagame est que faute de s’aligner, on est appelé à disparaitre.
Kagame a aussi prononcé le mot « élections ». Pourtant il est de notoriété publique qu’il n’en existe que de nom au Rwanda où le despote s’adjuge toujours de scores staliniens dignes de l’anachronique époque soviétique. Le dirigeant rwandais se considère comme étant démocratiquement élu avec des plébiscites avoisinant les 99,9 pourcent, qui en disent long sur le totalitarisme dans lequel il a réussi à encastrer son pays. La démocratie au Rwanda de Paul Kagame est une absurdité sociologique. Le Rwanda est un pays où l’on compte 60 pourcent de Hutus, 30% de Tutsis, et 10% de pygmées. Curieusement, le régime mono ethnique tutsi qui règne sans partage aux dépens de l’écrasante majorité hutu se vante d’être démocratique, allant jusqu’à faire la leçon aux autres. C’est le monde à l’envers !


Chronique de l’inevitable décrépitude de kagame


Soucieux de mettre un terme à la belligérance ambiante dans la région des Grands lacs à son accession au pouvoir, le Président Félix Tshisekedi avait résolu d’établir une politique de bon voisinage en favorisant les échanges commerciaux et économiques voulus alléchants pour les anciens agresseurs. Il ne restait plus à Kagame que de faire la dance du ventre par rapport à des offres plantureuses lui concédées en échange de la paix. Puis survint la Covid-19 qui obligea toutes les nations à se calfeutrer et à ne compter d’abord que sur leurs propres ressources domestiques. Se sentant à l’étroit, le Rwanda dont le budget est financé à plus de 60% par les appuis extérieurs depuis le génocide de 1994 aura tout le mal du monde à être sevré de cette abondante manne extérieure, qui, additionnée au razzia des ressources minières de la RDC, faisait la prospérité tant vantée de ce pays. Désabusé, Kagame n’eut d’autre choix que de revenir à ses vieux démons de prédation et d’agression de la RDC, sans se préoccuper du fait que le temps du blanc-seing de la communauté internationale à son expansionnisme débridé était révolu.
En mal d’inspiration, le Président rwandais succomba de nouveau à la viscérale tentation d’armer ses hommes liges du M23 activement approvisionnés en hommes et en munitions par l’Armée rwandaise, mais cette fois-ci sous une surveillance accrue des drones suspendus à la frontière par une RDC plus prévoyante que par le passé, qui ne s’est pas privé de brandir ces preuves irréfutables aux quatre vents. Et comme le malheur n’arrive jamais seul, la dernière bouée de sauvetage constituée des livres sterlings sollicités du gouvernement britannique en contrepartie de la prise en main de son trop plein de réfugiés a fini par faire pschitt.
Alors une seule conclusion s’impose. En définitive, Paul Kagame, ayant échoué à faire agenouiller notre pays par ses interminables guerres d’agression et de rapine, espère, avec des saillies subjectives et malencontreuses sur le Commandant en Chef des Forces Armées de la République Démocratiques du Congo, donner du vent aux voiles des opposants congolais, qui, du reste ruminent la même récrimination que la majorité de Congolais contre le dictateur rwandais. Voilà comment à force de se croire plus malin que le monde entier, Paul Kagame doit se préparer à vivre sa descente aux enfers. Une chute libre à laquelle les patriotes congolais de toutes obédiences politiques et idéologiques se feront l’agréable devoir de contribuer. Car s’il y a une vérité qui fait consensus, voire qui fait l’unanimité, chez tous les Congolais normalement constitués, qu’ils soient de l’opposition, de la majorité ou de la société civile, c’est que le temps est enfin venu pour Paul Kagame de payer pour toute l’humiliation qu’il a infligée à notre peuple pendant un quart de siècle. Trop c’est trop.

Jean Thierry Monsenepwo Mototo
Membre de la Conférence des Présidents de l’Union Sacrée