Par Jean Paul Malamba , Analyste Politique

L’affreux assassinat du Député CHERUBIN OKENDE a eu comme effet d’assombrir davantage le visage de la haute juridiction du pays, la Cour constitutionnelle. En effet, après recoupement de plusieurs témoignages, c’est dans l’enceinte de la Cour constitutionnelle que le Député a été enlevé alors qu’il venait répondre à une invitation lui adressée par un Juge de cette Cour, un certain LUMU MBAYA, en qualité de Rapporteur désigné par le Président de cette juridiction pour étudier et rédiger un rapport sur la déclaration écrite relative au patrimoine du Député Okende après sa démission du gouvernement.
C’est au retour de son garde du corps qui, après avoir déposé la lettre auprès de l’office de ce Juge Lumu, autour de 15h, qu’il constatera la disparition de son patron. Il a tout de suite lancé des alertes car des passants lui auraient signifié que son boss venait d’être enlevé par des hommes habillés en uniforme de la garde républicaine.
Grande était la stupéfaction des kinois en apprenant tôt le matin du 13 juillet l’assassinat lâche et ignoble de ce Député du parti Ensemble pour la République de l’opposant Moïse Katumbi. Cet acte odieux qui a suscité une indignation générale continue à soulever plusieurs interrogations légitimes au sein de l’opinion. La Cour constitutionnelle a-t-elle joué le jeu des criminels en invitant le Député ? Si non, quel citoyen peut encore faire confiance à une instance judiciaire qui semble être de mèche avec les kidnappeurs ?
L’acte posé par les exécutants d’une certaine instruction émanant d’on ne sait quelle autorité est d’autant plus grave que cela laisse à penser que d’autres personnalités politiques seraient dans les viseurs et pourraient subir le même sort. Le cas de l’ancien Premier ministre, et Sénateur Matata Ponyo. Et l’opinion de se demander, pourquoi cette Cour n’a invité que l’ancien Ministre des Transport et non ses autres collègues avec qui ils étaient au gouvernement au même moment ?
En tout état de cause, la manière dont les événements se sont déroulés semble indiquer que la démarche a été préméditée, mieux planifiée. En effet, aussitôt que la nouvelle est tombée, il y a eu circulation dans les réseaux sociaux d’un son d’une certaine jeune fille fondant en larmes que l’on a fait passer pour la fille du défunt. Très attentive, la famille a tout de suite récusé l’authenticité de cet audio qui semblait faire croire que c’est le parti Ensemble qui serait derrière l’assassinat de son propre porte-parole. Un cynisme inqualifiable. Au demeurant, un tel mode opératoire rappelle d’un autre assassinat macabre perpétré au cours de 3 dernières années ; celui du général Delphin Kahimbi, dont la mort a été attribuée à son épouse, ou encore celui du Juge Yanyi que l’on a attribué à ses collègues. Il n’est pas utile des recherches poussées en criminologie pour aboutir à la conclusion qu’il s’agit de mêmes inciviques qui sont derrière le meurtre d’OKENDE et qui cherchent à éliminer physiquement d’autres personnalités politiques gênantes aux yeux du régime, en l’occurrence MATATA Ponyo – Parce que comment comprendre que le Parquet général près la cour constitutionnelle puisse s’amuser à émettre un nouveau mandat de comparution à l’endroit du Sénateur Matata dans le dossier Bukangalonzo en dépit de l’arrêt RP 0001 du 15 novembre 2022 rendu sans équivoque par la même Cour. Ce Parquet général ignore-t-il les b-a-bas du droit constitutionnel ? N’est-ce pas que même un étudiant en première année de droit sait que les arrêts de la Haute cours s’appliquent à tous (autorités judicaires comme administratives), et ne font l’objet d’aucun recours ! –
Ce qui semble indiquer que la Cour en savait un peu plus dans cette ignominie (meurtre d’OKENDE) c’est la déclaration précipitée du Procureur général dans laquelle il annonçait que le Député avait été tué par balle alors même que tous les esprits sont scotchés aux résultats de l’enquête que l’opinion voudrait indépendante, avec la participation des instances étrangères. Une déclaration hasardeuse, fondée sur aucune autopsie !
Qu’est ce qui reste encore d’une Cour constitutionnelle qui semble jouer le jeu de ceux qui distribuent la mort aux citoyens ?