Par CAS-INFO
La République démocratique du Congo a appris dimanche la désignation par la SADC d’un envoyé spécial dans la crise congolaise en la personne de Thabo Mbeki. L’ancien président sud-africain viendrait faire de l’observation du processus électoral. Histoire de s’assurer que les élections prévues le 23 décembre 2018 ne reproduisent la violence post-électorale des années précédentes.
Parrain de l’accord historique de Sun City qui a permis de mettre fin à la deuxième guerre du Congo en avril 2002, l’ancien président sud-africain est un habitué du conflit congolais. À Kinshasa, son nom rime notamment avec l’inclusivité, lui qui, après les négociations difficiles de la ville du soleil, réussit avec l’équipe de « témoins » composée du Botswana, la Namibie, la Zambie et du Zimbabwe, à obtenir un second round des pourparlers et un accord ultime global et inclusif, de Pretoria, le 16 décembre 2002 incluant d’autres acteurs de la crise dont le Rwanda, commanditaire de l’agression.
Trois ans plus tard, Mbeki désigné médiateur de l’Union africaine en Côte d’Ivoire, réédite l’opération de l’inclusivité. Il s’agissait ici de sauver un processus électoral sur lequel pesait le spectre d’exclusion du principal candidat de l’opposition, l’ancien premier ministre Alassane Ouattara. Un scénario identique à celui qui se déroule en RDC avec l’empêchement de l’ancien gouverneur du Katanga, favori des sondages, à présenter sa candidature.
Musulman originaire du Nord de la Cote d’Ivoire, Alassane Ouattara vu sa candidature être écartée de la course présidentielle en 2002. La cour suprême ivoirienne jugeant alors sa nationalité « douteuse ». Mais l’intervention de Mbeki permit de débloquer la situation obligeant le Président Laurent Gbagbo d’« accepter », dans une adresse à la nation, la candidature de son ennemi juré. Le rusé Gbagbo avait dû tout de même utilisé l’article 48 de la Constitution qui autorisait à l’époque au Chef de l’Etat de prendre des « mesures exceptionnelles » lorsque les institutions de la république et l’intégrité du territoire national étaient menacées. Une manière de faire de la candidature de l’opposant le resultat de la seule volonté du Président
Le dénouement est difficile à imaginer dans le cas de Katumbi, en RDC, mais pas impossible à réaliser. Accusé de détenir une nationalité « confuse » en plus de la cascade d’affaires judicaires, de mandat d’arrêt et du verrouillage des frontières qui le contraignent à l’exil, le chemin de la croix de l’ancien gouverneur du Katanga n’est pas loin de ressembler au calvaire vécu par le tombeur de Laurent Gbagbo. Après avoir repêché « ADO », Mbeki réussira-t-il à sauver le soldat Katumbi ?