À cinq mois du 31 décembre, la pression s’accentue sur le président congolais, Joseph Kabila, dont le maintien au pouvoir au-delà du 19 décembre 2016 est contesté par l’opposition. Une contestation qui est encore montée d’un cran avec la signature ce weekend à Paris d’un Manifeste dit « citoyen », dans lequel une dizaine d’organisations et associations de la société civile appellent au départ du chef de l’État. Tandis que la veille, la France réclamait la publication « sans délai » du calendrier électoral.
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La France, les États-Unis, l’ONU, le Rassemblement, Sindika Dokolo et aujourd’hui, une coalition des Mouvements citoyens. Cerné, comment le chef de l’État peut-il desserrer l’étau ? Nous avons exploré quelques scénarii probables.
Nommer Félix Tshisekedi et faire baisser la tension
C’est la carte qui se joue en ce moment. Le président du Rassemblement a, certes, martelé, n’être « ni demandeur, ni preneur d’un poste de Premier ministre ». Mais dans son démenti, Félix Tshisekedi a pris soin de ne pas infirmer l’existence des contacts entre lui et le Pouvoir. Car pour le camp présidentiel, la piste menant le fils d’Étienne Tshisekedi à la primature, est celle à même de rebattre les cartes dans cette période de disette.
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Conséquence, les stratèges du chef de l’État ont intensifié leurs assauts ces dernières semaines pour convaincre leur « premier ministrable » de luxe d’accepter le « job ». Problème, pour poser ses valises au Palais de la rue du roi Beaudin, Félix Tshisekedi ne peut pas décider seul. L’UDPS, le Rassemblement, la famille Tshisekedi (malmenée dans le dossier des obsèques de l’opposant historique), la diaspora (majoritairement hostile au Pouvoir), sont autant d’obstacles à surmonter. Sans oublier le dossier Katumbi resté sans solution jusqu’à ce jour. Les deux hommes entretiennent de bonnes relations et leurs destins politiques semblent liés.
Agiter le spectre d’un chaos régional
« Au bout du bout, la communauté internationale se rendra à l’évidence que le seul à même de maintenir l’ordre public c’est celui qui dispose du monopole de la violence légitime ». Éditeur d’un grand magazine Kinois, ce journaliste qui analyse pour nous – sous le sceau de l’anonymat – la situation dans laquelle se trouve le chef de l’État, croit savoir que du point de vue sécuritaire, Joseph Kabila garde toujours un avantage considérable sur ses adversaires. Pour notre analyste, la communauté internationale n’a pas intérêt à voir la situation dégénérer. Un discours que la diplomatie congolaise distille depuis des mois dans les capitales du continent. En particulier, à Kampala, Kigali, Bujumbura, Luanda ou encore à Juba où Kinshasa a posé son « mur de défense diplomatique contre les ingérences étrangères », faisait valoir, en mai dernier, Barnabé Kikaya, à l’issue d’une longue tournée diplomatique dans la région.
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Une offensive diplomatique poursuivie par Léonard She Okitundu dans les capitales occidentales. Poignée de mains avec Federica Mogherini, pose et sourire avec Antonio Guterres. Tandis que, dans le même temps, à Kinshasa, la très redoutée RFI émet de nouveau sur FM après 9 mois d’interruption. Mais avec la France en première ligne des tenants de l’organisation de la présidentielle au plus tard à la fin de l’année, ce n’est pas vraiment gagné.
Une élection… surprise
C’est le scénario que beaucoup redoutent dans les rangs de l’opposition. Celui de voir la MP conserver le pouvoir à l’issue d’une élection à laquelle les adversaires de Joseph Kabila ne se seront finalement pas préparés. Conscients de ce risque, les cadres du Rassemblement ont multiplié ces dernières semaines des appels à la publication du calendrier électoral. Objectif, en obtenant cette feuille de route, sortir le président de la république du bois en le poussant à dévoiler son dauphin, et…son lot de risque de contestation au sein de la famille MP. En revanche, en bloquant le plus longtemps possible ledit calendrier, pour ne l’autoriser que le plus tard possible, le « Raïs » effectuerait, lui, l’opération inverse, en ne laissant que très peu de temps à l’opposition de s’organiser.
À moins que le vent des mouvements sociaux venu de Paris ne vienne bouleverser la donne, d’un côté, et que de l’autre, la force reste toujours intacte pour Joseph Kabila…en cas de faible mobilisation populaire.