Par Siméon Isako
Vital Kamerhe est de retour à la barre ce lundi. Le directeur de cabinet du Chef de l’État est jugé pour détournement de fonds publics dans le cadre du programme d’urgence de 100 jours. Son arrestation a mis à mal la cohésion au sein de la coalition Cap vers le changement, CACH, qui a porté au pouvoir Félix Tshisekedi. Dans les deux camps, on ne se cache plus pour se dire les quatre vérités. Après les noces de Nairobi, l’heure semble au je t’aime moi non plus entre les pro-Tshisekedi et les pro-Kamerhe. Comme l’illustre le Secrétaire interfédéral de l’UNC, Magloire Nlandu, et le porte-parole des interfédérales à l’UDPS, Didier Kondo. Débat.
Un programme et le fiasco
«Le chef de l’État est le premier responsable de son programme. S’il y a eu échec, c’est lui le responsable. Vital Kamerhe n’a jamais été l’ordonnateur des travaux de 100 Jours, les ministères des finances et budget ont gardé leurs prérogatives. Kamerhe était inclus par Tshisekedi dans la chaîne des dépenses, du début jusqu’au moment où le gouvernement Ilukamba était installé. Kamerhe ne signait pas les documents.», explique Magloire Nlandu, Secrétaire interfédéral de l’UNC.
Pour lui, Kamerhe n’avait pas la possibilité de tout savoir sur les personnes qui exécutaient les travaux. «Avait-il donné injonction à ces derniers de ne pas faire les travaux pour lesquels ils avaient reçu l’argent ?», s’interroge-t-il. Pour Magloire Nlandu, le fiasco de 100 jours a un seul responsable : Félix Tshisekedi.
À l’Udps, on ne voit, évidemment pas, les choses de la même manière. Pour le parti présidentiel, Félix Tshisekedi a respecté le principe de séparation des pouvoirs. Il n’est donc pas responsable de la non réalisation dans le délai de certains travaux.
«Ne faisons pas l’effort d’’ignorer le principe de séparation des pouvoirs. Tshisekedi est respectueux de ce principe, il ne peut pas tout faire à la fois. La répartition des taches est de mise chez lui. Kamerhe avait la charge de superviser ces travaux parce que c’est lui le patron de l’administration à la présidence. Le dédouaner de ce qui s’est passé est inadmissible», réplique maître Didier Kondo, porte-parole des interfédérales de l’UDPS. Selon lui, les alliés qui chargent le président de la république le font par «mauvaise foi» et «esprit de diabolisation».
Le début de l’État de droit
En guise d’argument, les lieutenants de Félix Tshisekedi brandissent ce qu’ils qualifient de début d’application des objectifs contenus dans l’accord de Nairobi. À savoir, la lutte contre la corruption, le détournement de deniers publics, la mauvaise gouvernance et autres antivaleurs, qui sont désormais réprimés « sans excuses » en RDC.
«L’arrestation et le jugement des gens sont la preuve que l’État de droit qui est notre objectif contenu dans l’accord de Nairobi est une en cours d’exécution. Avec Félix Tshisekedi, les antivaleurs seront une exception et non une généralité. Que nos amis de l’UNC sachent que l’accord signé à Nairobi n’est pas au-dessus des lois du pays », averti Maître Kondo. Pour lui, un allié, est celui qui doit aider le chef de l’État à réussir cette vision, de faire de la justice un organe autonome et impartial.
Pas de quoi convaincre les partisans de «VK» qui voient dans son arrestation un coup orchestré par leur partenaire du CACH.
Une justice sélective
«Au regard des infractions qui pèsent sur Kamerhe, nous attendons qu’on nous explique à quel niveau de responsabilité vital Kamerhe est intervenu. A ma connaissance, toutes les dépenses ont suivi la chaîne normale sous le regard du chef de l’État compte tenu du caractère exceptionnel de ce programme », assène Magloire Nlandu. Les contrats pour lesquels Vital Kamerhe est en prison ont été signé par le gouvernement Tshibala, poursuit-il en invitant « ses » partenaires de CACH à ne pas enfoncer le pays. Un message adressé directement au Chef de l’État.
«Il y a des noms de sa famille cités dans l’affaire sauts de moutons, celui de Christian Tshisekedi. Nous souhaitons le voir aussi en justice. Jean Marc Kabund, aussi, est cité. Qu’il soit aussi devant les juges. Sinon, c’est un règlement de compte politique de sa part. Qu’il mette aussi en justice sa famille qui est plongée dans les affaires des mines », insiste l’interfédéral de l’UNC. Réponse de son homologue de l’UDPS:
«Que les amis n’oublient pas que la justice a été saisi pour ce dossier des 100 jours par le gouvernement et non par le président Tshisekedi. Mais il faut savoir que tous ceux qui ont reçu les fonds de 100 jours et qui n’ont pas exécuté les travaux, ont saboté le Chef de l’État. Ils ont trahi la vision du président et le pays». Ça tombe combien. Plusieurs personnalités dont des proches de Félix Tshisekedi et de Vital Kamerhe viennent d’être citées à comparaître.