Félix Tshisekedi, corruption

Par Yvon Muya

Ce n’était jamais arrivé depuis très longtemps dans les rapports entre des congolais frustrés et leurs dirigeants. 48 heurs après l’explosion de colère des militants de l’UDPS à la suite de l’élection des sénateurs entachée de forts soupçons de corruption, le Président Félix Tshisekedi a pris deux mesures fortes :  suspension de l’installation de la nouvelle chambre haute du Parlement et report sine die de l’élection des gouverneurs de province.

Pour le Chef de l’État, l’occasion était trop belle pour taper du poing sur la table et marquer son autorité. Lui qui ne cesse de voir la vague FCC engloutir jour après jour sa fragile présidence. Certes, la décision a été prise dans le cadre de la réunion interinstitutionnelle. Autrement dit, en accord avec les autres membres de la chaîne du commandement du pays. Il n’en reste pas moins que le message envoyé par «Fatshi» ce lundi reste fort et inédit. Et ne sera surtout pas sans conséquence.

Non seulement Félix Tshisekedi, qui a déjà réussi à convoquer les institutions pour une affaire présentée comme intérieure à l’UDPS, profite de cette occasion pour calmer des combattants prêts à tout pour tout renverser. Le président de la république sur qui l’ombre de l’ancien régime n’a pas fini de planer avait également l’opportunité de montrer aux Congolais qu’il était le seul capitaine aux commandes du bateau Congo. Et non son prédécesseur.

Preuve de la réalité du pouvoir de la parole du président, la sortie toute aussi inédite du PPRD. Quelques heures seulement après les conclusions de la réunion de la Cité de l’UA, l’ancien parti au pouvoir s’est fendu d’un communiqué contestataire pour exprimer son opposition à tout report de l’élection des gouverneurs arguant que cette décision n’était pas du ressort du chef de l’État mais de la Commission électorale nationale indépendante. Voilà le PPRD renvoyé dans un rôle de parti de contestation. Une première depuis sa création il y a 17 ans.

Balayé dans toutes les autres élections hors la présidentielle, Félix Tshisekedi dont la victoire est toujours contestée par l’opposant Martin Fayulu, s’apprête à partager le pouvoir avec le FCC de Joseph Kabila qui vient de tout raflé. Mais le Chef de l’État pourrait finalement trouver dans le scandale de corruption un allié inattendu. De quoi faire de la lutte contre la corruption le marqueur d’une présidence qui s’annonce mouvementée.