Par Siméon Isako

Dans un communiqué parvenu à CAS-INFO ce jeudi 12 août dans la soirée, l’ancien premier ministre Matata Ponyo dénonce l’interdiction lui imposée, de quitter le pays. Il avait pourtant espéré un autre dénouement en raison de ses problèmes santé, l’intervention d’un collaborateur du chef de l’État et même d’une recommandation de son médecin traitant.


Dans ce document, le sénateur affirme également avoir écrit au président Tshisekedi le 30 juillet dernier pour solliciter une autorisation de sortie du pays. Une démarche restée non concluante pour l’instant.

Malgré ce camouflet, Matata reste combatif. Il réitère son opposition d’être entendu dans le cadre du dossier de la débâcle de Bukanga-lonzo.

Lire l’intégrité du communiqué

I. Faits et rétroactes

  1. Le présent communiqué tient lieu de mise au point en rapport avec ma présence au Parquet Général près la Cour constitutionnelle, en date du 09 août 2021.
  2. A la suite de mes lettres N° SENAT/MPM/KM/06/2021/011 du 21 juin 2021 et N° SENAT/MPM/KM/07/2021/024 du 26 juillet 2021 adressées à l’Honorable Président du Sénat, par lesquelles je sollicitais l’autorisation de sortie pour des raisons de santé, et lesquelles sont demeurées sans réponse, j’ai pris la responsabilité de m’adresser à Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat en date du 30 juillet 2021 (par ma lettre N° SENAT/MPM /KM/07/2021/026 du 30 juillet 2021).
  3. A cet effet, j’ai été contacté par un Haut Responsable de service public auprès de Son Excellence Monsieur le Président de la République qui m’a recommandé d’entrer en contact avec le Procureur Général en vue de finaliser le processus d’autorisation de sortie qui devait intervenir le même jour. Accompagné de mon médecin, je me suis rendu ce lundi 9 août 2021 à 8h00 au Parquet près la Cour constitutionnelle.
  4. Pour rappel, victime d’un empoisonnement depuis le mois de juillet 2021, j’ai aussitôt été soumis à un traitement qui à son terme et de l’avis du médecin traitant, nécessite un contrôle dans un centre spécialisé pour se rassurer d’une totale absorption du poison. C’est la raison de cette demande d’autorisation de sortie.

II. Les échanges avec Monsieur le Procureur Général

  1. Tout au long de l’audition qui a fait l’objet d’un procès-verbal contresigné par moi, Monsieur le Procureur Général a voulu m’interroger sur le dossier du Parc agroindustriel de Bukanga Lonzo.
  2. Etant encore malade et en repos médical, et rappelant que je ne peux aller à l’encontre de la décision de la Plénière du Sénat du 15 juin 2021 qui a rejeté la demande d’autorisation des poursuites judiciaires à mon encontre, je me suis interdit de répondre à toute question en rapport avec le dossier Bukangalonzo. Raison pour laquelle je me suis présenté à son office sans l’assistance de mes avocats-conseils.
  3. Par ailleurs, même lorsqu’il m’a été demandé de prendre l’engagement de revenir comparaître après les soins appropriés à l’extérieur, j’ai réitéré les termes de mes précédentes déclarations sur le caractère exclusif de l’autorisation des poursuites ordonnées par le Bureau du Sénat, au seul cas du dossier sur la zaïrianisation.

III. Conclusion

  1. En dépit de l’intervention du Haut responsable de service public auprès du chef de l’Etat, et de la recommandation de mon médecin traitant d’aller me faire examiner à l’extérieur du pays, je reste interdit de quitter le pays par le Procureur général près la Cour constitutionnelle.
  2. Il sied de rappeler que la République Démocratique du Congo est un Etat de droit où l’on devrait respecter les décisions prises par chaque institution, et cela pour la sauvegarde de la séparation des pouvoirs. La décision de la Plénière du Sénat en date du 15 juin 2021, en est une qui mérite respect et considération. A ce titre, le Parquet général ne peut l’ignorer et revenir sur le dossier Bukangalonzo, d’autant plus qu’il en a été notifié par la lettre du Président du Sénat référencée n°0219/CAB/PDT/SENAT/MBL/EM/ pkg/2021 du 21 juin 2021.
  3. Cet Etat de droit implique également que l’on respecte les libertés de mouvement sans aucune restriction d’un sénateur élu et ce, conformément à l’article 220, alinéa 1er du Règlement Intérieur du Sénat (Cfr article 109, alinéa 1er de la constitution) qui dispose que : « Le Sénateur a le droit de circuler sans restriction ni entrave à l’intérieur du territoire national et d’en sortir ». « Le sénateur a également droit aux soins de santé et à l’évacuation sanitaire ».Fait à Kinshasa, le 12 août 2021MATATA PONYO Mapon