Ça devrait être un évènement. Mais le gouvernement et Thambwe Mwamba ont décidé de gâcher la fête. Pour l’instant. Alors que l’ancien gouverneur du Katanga a annoncé le 16 juin dernier depuis Paris son retour imminent au pays après plus d’un an d’exil. Un dénouement rendu possible par l’intervention du comité des droits de l’Homme de l’ONU, qui a demandé aux autorités congolaises de prendre les dispositions nécessaires pour permettre à l’opposant de regagner le pays et de participer à la prochaine présidentielle. Mais Kinshasa a décidé de donner une autre tournure à la victoire diplomatique de son principal opposant.
Libre, mais pas candidat
Sans doute, l’une des dernières cartouches, peut-être, la dernière, du régime Kabila, dans sa « guerre » contre son ancien protégé. « Moïse Katumbi peut renter quand il veut. Il se retrouvera dans sa situation d’avant son départ », a déclaré le ministre de la Justice dans ses multiples interventions dans les médias français en laissant entendre un possible non-lieu dans les affaires judicaires qui visent le candidat, « si un juge d’appel le décide ».
Ou comment rassurer sa proie avant de la dévorer. Car, si l’horizon judicaire laisse entrevoir, d’après les déclarations du garde des sceaux, des signaux d’éclairci, un gros nuage se placerait, en revanche, en travers le ciel présidentiel du candidat du G7 à la présidentielle. Comme l’a décrété Alexis Thambwe Mwamba, la constitution à l’appui.
« Ce n’est pas le dossier judiciaire qui empêcherait M. Katumbi de se présenter […]. Moïse Katumbi a un empêchement qui est d’ordre constitutionnel », a redit le ministre mercredi sur Rfi brandissant l’article 10, qui consacre le caractère exclusif de la nationalité congolaise. Or, « d’après les données que nous avons, il a pris une nationalité étrangère. C’est ça qui va l’empêcher. Aujourd’hui les données qui sont à la disposition de l’administration congolaise établissent qu’il a la nationalité italienne », a bombardé le ministre de la Justice.
Une opération Kamikaze ?
À la victoire diplomatique de l’ex gouverneur du Katanga, artisan, selon la Majorité présidentielle, des sanctions internationales qui n’en finissent pas de pleuvoir sur Kinshasa, le Pouvoir congolais répond par une bombe à « fragmentation » sur la candidature Katumbi. Mieux, carrément, une opération Kamikaze.
En effet, dans sa campagne d’explication de la future invalidation du bulletin de vote portant le nom Moïse Katumbi, Alexis Thambwe Mwamba a pris soin de rappeler que l’opposant ne serait pas la seule victime de la constitution. Mais le chef de l’État l’est aussi. « Il y a une mesure sélective qu’on fait de la constitution. Si on dit aujourd’hui que le président Kabila ne peut pas se présenter pour un 3e mandat, c’est parce que la constitution l’interdit. C’est l’article 70, alinéa premier. Mais M. Moïse Katumbi a un empêchement qui est d’ordre constitutionnel », a insisté le bras droit du chef de l’État. Tuer Kabila pour tuer Katumbi. Nouveau pari du camp présidentiel.