Centre de vote de Bimwala à Kinshasa - Crédit photo : Rachel Kitsita

Par CAS-INFO

Plus de 44 millions de Congolais se sont rendus aux urnes pour élire leurs nouveaux dirigeants. Enfin, plus de 44 ou presque. Du moins, celles et ceux qui ont eu la chance de voter. Car, glisser un bulletin dans l’urne ce mercredi 20 décembre 2023 en République démocratique du Congo s’est révélé un luxe que tous les Congolais ne pouvaient pas s’offrir partout de la même manière. En cause, l’organisation chaotique des scrutins censés être préparés depuis 5 ans.

Si les vidéos du chaos dans certains centres de vote n’ont pas pu toutes être authentifiées par des sources indépendantes, le désarroi de la plupart d’électeurs devant les bureaux de vote ne s’est pas, lui, démenti. Entre absence des listes électorales, machines à voter qui se déchargent et le retard dans le démarrage des opérations électorales, nombre de détenteurs de cartes d’électeurs ne savaient vraiment pas sur quel pied danser. Ce désarroi, observé le plus souvent dans les centres urbains, de Kinshasa et des provinces, vous laisse deviner la situation dans les zones rurales où il n’existe ni route ni électiricité. Certaines n’avaient d’ailleurs pas encore reçu de kits électoraux le jour même des 4 scrutins, présidentiel, législatif national et provincial et municipal.

Jusqu’au tout dernier électeur

Ce n’est donc pas pour rien que la Commission électorale nationale indépendante a décidé de prolonger le vote jusqu’à ce jeudi 21 décembre. « Cela se fera, comme aujourd’hui (ce mercredi), de 6 heures à 17 heures », a confirmé le président de la CENI, Denis Kadima, lequel a tenu à rassurer, que son institution allait mettre tout en œuvre « pour que les gens continuent de voter jusqu’au moment où nous allons accueillir le tout dernier électeur ».

Si le patron de la CENI s’est voulu optimiste, en pointant quelques dysfonctionnements, la tonalité est évidemment différente, du côté de l’opposition et de la société civile. La Mission électorale composée de la Conférence épiscopale nationale du Congo et de l’Église du Christ du Congo, notamment, a dit attendre les explications de la CENI sur ces électeurs qui n’on pas retrouvé leurs noms sur les listes de votants, le déploiement tardif voire inexistant du materiel électoral, à plusieurs endroits, à travers le pays où encore l’interférence dans les opérations de vote de certains acteurs politiques, faisant craindre des fraudes. Un tableau, suffisament sombre, pour faire constater à quatre candidats, Martin Fayulu, Denis Mukwege, Théodore Ngoy et Floribert Anzuluni « qu’au matin de ce jeudi 21 décembre 2023, les élections générales prévues au 20 décembre 2023 n’auront pas eu lieu comme le prévoient la constitution et la loi électorale », ont-ils écrit dans une déclaration commune avant d’appeler à l’organisation d’une nouvelle élection.

Le gouvernement congolais s’est, pour sa part, contenté de saluer la détermination de la Commission électorale à organiser les élections à la date prévue dans son calendrier. Une façon, sans doute, de préférer ce chaos électoral et ces « quelques difficultés rencontrées », à l’absence d’élections, à la date buttoir, qui aurait jeté tout le monde, en particulier, le président sortant Félix Tshisekedi, dans un inconnu, aux conséquences redoutées.