Kin-Kiey Mulumba, Félix Tshisekedi

Par CAS-INFO

Rallier l’ennemi de toujours sans jamais renier son identité. C’est l’opération à 100 mille dollars qu’a effectuée Tryphon Kin-Kiey Mulumba lundi. Après avoir mis en scène tout le weekend le scénario de son désistement de la présidentielle du 23 décembre prochain au profit de Félix Tshisekedi, l’ex ministre des PTT est passé à l’acte à Limete en signant l’accord de Nairobi qui consacre le président de l’Udps unique candidat de la plateforme Cap pour le Changement.

« Balloter entre le Cœur et la Raison, j’ai fait ce lundi soir à Kinshasa, au siège de l’Udps, de Papa Tshisekedi dont je fus le porte-parole à l’Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue inter-congolais, le choix de la Raison », a expliqué l’ex candidat sur son compte twitter. Alors qu’il n’a cessé de pilonner l’inexpérience du candidat de l’Udps, le fondateur du Parti Action fait un véritable revirement, lui qui a longtemps fait campagne pour le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, seul capable à ses yeux de tenir les rênes du pays le plus grand d’Afrique centrale.

Vue l’impopularité du système Kabila et le choix, au garde à vous, du dauphin tout aussi impopulaire du chef de l’État, le député de Masimanimba, qui a montré à plusieurs reprises qu’il avait le sens du tempo, avait-il le choix ? À la veille de l’annonce de la candidature hyper verrouillée d’Emmanuel Ramazani Shadary, le surprenant Kin-Kiey Mulumba n’hésite pas à défier la puissante Autorité morale du FCC en fissurant une stratégie du musèlement partie pour être parfaite jusqu’à la date butoir du dépôt de candidatures. Une candidature ‘’tactique’’ pour négocier mais ‘’qui n’a pas trouvé preneur’’, a même taclé le ministre de l’intérieur Henri Mova donnant un sentiment de fébrilité du pouvoir face à, quand même, un départ d’un membre éminent du régime en direction de l’opposition.

Analyser l’ancien ministre de l’information du Maréchal par la simple stratégie de ‘’surenchères’’, c’est pourtant, occulter le parcours ‘’avisé’’ de la dernière voix que l’histoire et le monde retiennent de la fin du régime Mobutu. Brièvement exilé après la chute du roi Léopard en 1997, le futur membre du Rassemblement congolais pour la démocratie n’hésite pas à quitter la rébellion pro rwandaise lorsque des exactions sont commises sur des policiers à Kisangani en 2002. Mais ce passage dans l’insurrection ne l’empêche pas de rentrer dans le giron du pouvoir. Notamment grâce à son Soft International que l’ancien journaliste a depuis réactivé. A la Une, le député journaliste enchaîne les louanges du « Raïs », un président qu’il qualifie d’inflexible face aux pressions. Alors que ce dernier s’accroche au pouvoir. Il lui tourne le dos aujourd’hui pour, dit-il, ‘’jeter un pont au-dessus du Congo’’.