Par Siméon Isako
La convention signée entre le gouvernement congolais et un consortium d’entreprises chinoises, laquelle a permis la création de la Sino-congolaise des mines (SICOMINES S.A) pour une exploitation minière dans le Lualaba en échange des investissements dans les infrastructures en RDC, fait couler beaucoup d’encre depuis la publication du rapport de l’Inspection générale des finances (IGF) sur ce contrat.
Ce service de la Présidence de la République a noté, dans son rapport, un « déséquilibre financier au détriment de la RDC » dans l’exécution de ce contrat. L’IGF a rapporté que la SICOMINES a mobilisé près de 5 milliards de dollars américains dans l’exploitation minière et n’a investi que 822 millions USD dans les infrastructures en RDC.
À la suite de la publication de ce rapport, le chef de l’État a, lors de la 91ème réunion du Conseil des ministres, ordonné la revisitation de cette convention pour garantir les intérêts de la partie congolaise.
Cependant, la partie chinoise conteste le rapport de l’IGF. Elle persiste et signale que ce rapport est « non fondé ». Entre-temps, elle se dit ouverte au dialogue avec le gouvernement congolais, pour trouver des solutions aux désaccords liés au contrat dit chinois et ainsi pérenniser ce partenariat « gagnant-gagnant« .
L’ambassadeur de Chine en RDC a, lors d’une conférence de presse, vendredi dernier, à Kinshasa, martelé sur le fait d’avoir un dialogue « sincère » pour mettre fin à ces désaccords.
« Entre deux partenaires, c’est normal d’avoir des désaccords sur certaines questions. Ce qui est important, c’est de trouver des solutions à ces désaccords par un dialogue. Nous sommes ouverts au dialogue. D’ailleurs, il existe des mécanismes de consultation permanente selon la convention. D’abord, il faut utiliser ces mécanismes qui existent déjà pour mener un vrai dialogue, sincère, respectueux, sur pied d’égalité, sur pied de respect mutuel. Donc, si on respecte ces valeurs là, les chinois et congolais, tous intelligents, pourront trouver une solution comme dans le passé. Dans le passé, il y a eu des désaccords mais on arrive toujours à trouver la solution« , a déclaré Zhu Jing.
Quant au rapport de l’IGF, la partie chinoise promet de publier des chiffres « fiables » et « vérifiés » dans les tout prochains jours.
« Les chiffres que les entreprises chinoises vont vous donner parce-qu’elles sont en train de préparer le dossier. Comme je le disais, les chiffres qui doivent être publiés doivent fiables et vérifiés« , a laissé entendre ce diplomate chinois.
Par ailleurs, l’ambassadeur Zhu Jing a réaffirmé la détermination de la partie chinoise à poursuivre, avec le gouvernement congolais, ce « partenariat gagnant-gagnant« .
Investissements dans les infrastructures
Lors de ce même face-à-face avec la presse, Diao Ying, secrétaire du Conseil d’administration de la SICOMINES, a cité les infrastructures réalisées en RDC dans le cadre de la mise en œuvre du contrat chinois. Elle a cité notamment la Centrale hydroélectrique de Busanga dont la capacité de production représente 1/10 de celle du pays, l’hôpital du Cinquantenaire, le stade de Bunia, le stade de Goma et l’esplanade du Palais du peuple. Elle a noté aussi le boulevard du 30 juin, l’avenue du Tourisme, le boulevard Triomphal, boulevard Lumumba, la voirie de Manono, la route Mbuji-Mayi, la route Kikwit, la route Kisangani, la route Butembo, etc.
« D’ailleurs, le projet de coopération Sino-congolaise a créé plus de 20.000 emplois en RDC et a permis une vie décente à plus de 100.000 habitants locaux de manière directe ou indirecte« , a-t-elle souligné.
10 milliards USD d’investissements chinois en RDC
Selon Diao Ying, secrétaire du Conseil d’administration de la SICOMINES, les investissements des entreprises chinoises en RDC s’élèvent à 10 milliards de dollars américains durant les 20 dernières années.
« Selon les statistiques, pendant les 20 dernières années, le volume du commerce bilatéral a été multiplié par 450 fois. Les investissements directs cumulés des entreprises chinoises en RDC s’élèvent à plus de 10 milliards de dollars américains« , a-t-elle dit.
Pour elle, la RDC est devenue un partenaire, une destination d’investissement et un marché des services d’ingénierie importants de la Chine en Afrique, et ses ressources abondantes, sous la stimulation de la coopération Sino-congolaise, deviennent un moteur pour le développement.