Félix Tshisekedi, Kabila, RDC

Par Yvon Muya, avec P. Ndongo à Kinshasa

Félix Tshisekedi est peu bavard. Trop peu bavard. Un des super favoris de la présidentielle du 30 décembre 2018 en Republique Démocratique du Congo, le leader de l’UDPS brille par son absence sur le plan de la communication. Alors que le moment est crucial. Qu’on parle des résultats des scrutins qui se distillent et font polémiques. Le ‘’Fatshi’’ reste plongé dans un mutisme étourdissant. À sa place, les bruits de toutes sortes inondent les réseaux sociaux, ou ce qu’il en reste.

Limete samedi soir. La connexion est coupée. Comme partout dans le pays. Bonne ou une mauvaise décision. Une chose est sûre, les rumeurs ici n’avaient pas la même vigueur que les jours ayant précédé le 23 décembre 2018 (jour initial d’élections, Ndlr). Mais quelques responsables du parti parmi les rares à être encore branchés ne veulent laisser filtrer aucun sentiment de doute sur la victoire future de leur champion. « Ce qui se dit ? Si cela est vrai, c’est que c’est lui la personne idéale pour favoriser un climat de paix dans l’après Kabila », confie sous le sceaux de l’anonymat ce dirigeant de l’UDPS.




Notre interlocuteur parle en effet de ces rumeurs véhiculés notamment par les stratèges de Lamuka, l’autre coalition majeure de l’Opposition qui soutient la candidature de Martin Fayulu. Selon ces informations relayées par la presse belge, des discussions seraient en cours entre les clans Kabila et Tshisekedi et pourraient aboutir à un compromis. Lequel ? Mystère.

Tirer son épingle du jeu…

Pour Félix Tshisekedi –  dont la stratégie – d’aller aux élections avec ou sans la machine à voter et de pousser, de ce fait, le régime de Joseph Kabila, dans ses derniers retranchements, est jusqu’ici validée – ce serait, le scénario rêvé. Qui pourrait lui ouvrir un boulevard vers le Palais de la Nation. Alors que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) affirme détenir déjà l’identité du vainqueur de la présidentielle – qui serait, selon les fuites dans la presse, Martin Fayulu – la coalition présidentielle, le FCC, n’a pas tardé à se dresser contre une issue qui s’apparenterait à une humiliation  – en dénonçant sans ambages l’attitude ‘’partisane, irresponsable et anarchique’’ de ces prêtres beaucoup trop ‘’katumbistes’’ aux yeux des bonzes de Kabila.

En effet, une victoire de Martin Fayulu, signifierait, un retour en force de l’ex gouverneur du Katanga, ennemi public numéro du chef de l’État. Ce dernier, tout comme l’ancien vice-président de la République Jean-Pierre Bemba, a assuré au ‘’MAFA’’ un report écrasant des voix. Et se frotte les mains pour prendre sa revanche contre un président qui le contraint à l’exil depuis bientôt 3 ans.




C’est donc dans ce contexte qu’il faut lire ces fameuses « négociations » de coulisses, si elles étaient avérées, menées par un président sortant qui garde encore la main. Porté par un fin stratège – un filou – pour ses détracteurs, son désormais allié et directeur de campagne, Vital Kamerhe, Félix Tshisekedi pourrait bien tirer son épingle de ce jeu de guerre fratricide.

L’ancien président de l’assemblée nationale, longtemps bras droit de Joseph Kabila, développe en effet depuis longtemps la thèse consistant à donner des gages sécuritaires à un Président qui craindrait pour la séquence d’après. Des gages que Félix Tshisekedi serait le seul à ce jour capable de lui offrir. Reste à savoir où. Au Palais de la Primature ou au Palais de la Nation ? Une chose est néanmoins sûre, un dénouement du processus électoral autre que le verdict des urnes serait à double tranchant et difficile à gérer devant les Congolais. Après une si longue attente de ces élections.