UDPS, Machine à voter

Par CAS-INFO

L’UDPS qui boycotte les élections. Étienne Tshisekedi qui pratique la politique de la chaise vide. Ou encore, en 2005, le Sphinx de Limete qui décrète l’« arrêt » de « tout ». Telle est l’image, défiante, associée au principal parti d’opposition congolaise pendant les trente dernières années. Aujourd’hui, à la veille d’une grande manifestation de l’opposition, ces temps semblent révolus. Alors que la formation dirigée par Félix Tshisekedi est au cœur des critiques.

En cause, la très controversée machine à voter, que la CENI tient coûte que coûte, à utiliser aux élections du 23 décembre prochain. Jusqu’ici farouchement opposée à ce vote électronique, l’UDPS envisagerait désormais d’affronter les urnes « avec ou sans » les machines. Provoquant l’ire des autres grands partis. « Quand on s’est dirigé vers la CENI pour déposer nos candidatures, on savait très bien qu’il y avait la machine à voter », s’est justifié dimanche le secrétaire général adjoint de l’UDPS chargé de la mobilisation, interrogé par le site d’information Scoop RDC dénonçant au passage les proches de certains candidats à la présidentielle, « qui continuent à faire la promotion de cette même machine à voter ». Ambiance.

Pour Augustin Kabuya, la mouvance Kabiliste au pouvoir n’est pas, selon lui, disposée à organiser les élections. Le seul moyen de mettre à nu leur stratégie serait donc, à ses yeux, d’aller jusqu’au bout avec le processus électoral et de « mettre [ainsi] monsieur Nangaa et ses parrains de la majorité devant un fait accompli », argumente le porte-parole de l’UDPS.

Il d’agit, pour l’UDPS, d’un changement radical de stratégie devant les tractations à hauts enjeux politiques. Elle qui a habitué les Congolais à pratiquer la politique de la chaise vide. Comme en 2002, lorsque, convaincu, que la quatrième vice-présidence de la transition « 1+4 », lui revenait de droit, l’opposant historique, Étienne Tshisekedi, voyait le poste lui glisser des doigts au profit du rusé Arthur Zahidi Ngoma. Ou encore en 2006, après avoir choisi de rester en marge de ladite transition, « Ya Tshitshi » privait tous ses fidèles de la possibilité de jouir, à l’image d’autres politiciens congolais, des délices du Palais du peuple.

Autres temps autres mœurs. L’Udps semble décider de changer de fusil d’épaule en occupant pleinement « sa chaise » cette fois-ci. Quitte à retourner la pression sur ses partenaires de l’opposition appelés à clarifier leurs positions sur la participation ou non aux élections.

Habituée à jouer carte à part, l’UDPS navigue toujours à contre-courant. Mais dans le sens des élections. Cette fois-ci.