RDC, Élections

Par CAS-INFO

« Si tu as besoin de faire un enfant, tu n’as pas besoin de moi pour le faire ». La repartie est du ministre congolais de la communication, à un journaliste, dans une vidéo tournée dans son bureau à Kinshasa et qui est virale sur les réseaux sociaux. Lambert Mende n’amusait, peut-être, pas tant que ça, la galerie. Alors qu’il était interpellé sur les capacités réelles du gouvernement congolais à financer les élections de décembre 2018.

L’idée de voir la communauté internationale fouiner son nez dans le processus électoral en cours dans le pays semble en effet exclue de façon radicale au sommet de l’État. Et Kinshasa ne manque pas de prétexte pour justifier le changement de ton inattendu et ce cri au loup. « Le gouvernement est surpris par des déclarations intempestives de certaines autorités étrangères relatives au processus électoral en appelant à un prétendu dialogue avec l’opposition », a ainsi protesté le ministère des affaires étrangères dans un communiqué mercredi. En s’en prenant sans le citer au ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders.

Dans une tournée commencée en Afrique du Sud et qui l’a conduit à Luanda mardi, le chef de la diplomatie belge avait souligné la nécessité pour les autorités congolaises de renouer le dialogue avec l’opposition, pour, selon lui, « que ces élections se transforment en succès ». Se heurtant donc à un non catégorique de Kinshasa, qui « tient à réitérer fermement son refus de toute ingérence » en matière d’un processus électoral conforme à la constitution et à l’accord de la Saint Sylvestre, insiste la diplomatie congolaise qui ne se prive pas de dénoncer « l’agitation injustifiable de certains Gouvernements des pays voisins, agissant avec la connivence d’autres partenaires ».

Après avoir décapité l’opposition en la privant de ses meilleurs éléments à l’élection présidentielle et imposé la candidature d’Emmanuel Shadary en réussissant à étouffer toute velléité de contestation au sein de la Majorité, en s’attaquant, à nouveau, à l’ingérence étrangère, les autorités congolaises ont-elles une idée derrière la tête ? L’opposition, à l’instar de Claudel Lubaya, n’est pas loin de l’imaginer. « Parce qu’il n’est pas prêt à organiser les élections et pris à son propre piège, le pouvoir de Kinshasa pique une grosse colère au moindre éternuement de ses voisins et partenaires bilatéraux. », a taclé mercredi sur twitter le patron de l’UDA avant d’assener, « dites la vérité au peuple. Le 23 décembre c’est dans 100 jours. Ni report ni concession ». Ni ingérence ?