Par Siméon Isako
Dans sa réflexion parvenue à CAS-INFO ce weekend, Jean Thierry Monsenepwo, cadre de l’Union sacrée, est monté au créneau pour fustiger le comportement du député national Delly Sessanga qui s’est montre très critique envers le régime dans sa dernière sortie médiatique.
Pour ce président de la ligue des jeunes de la CCU, « l’époque où les Congolais croyaient encore au messianisme politique et à la poudre de Perlimpinpin est totalement révolue« , d’où il affirme que le président de l’envol a été « recruté par des officines qui se sont donné pour mission de planter le décor de l’apocalypse afin de rendre invivable l’année électorale à venir« .
Voici l’intégralité de sa réflexion
L’honorable Delly Sessanga a servi à l’opinion un réquisitoire fumant sur l’état du pays en des termes dignes d’un film d’horreur hollywoodien. Homme d’État nanti d’une longue expérience dans la gestion de l’État et dans la praxis parlementaire, le Président du parti politique ENVOL s’est fendu d’un discours incendiaire à l’occasion de la réunion du bureau politique de son parti, annonçant en filigrane sa candidature à la prochaine présidentielle, parce que fatigué, selon ses propres mots, de toujours évoluer dans l’ombre des autres.
Lorsque l’on a été à bonne école et que l’on justifie d’une brillante carrière aussi bien en politique qu’au barreau, l’on se doit de ne jamais perdre de vue l’obligation de demeurer objectif dans ses analyses à tout point de vue.
Connu pour son sens de la mesure et de la pertinence, l’honorable Sessanga a fait, à travers son brûlot, une sortie de route qui ne ressemble ni à son éducation ni à son cursus. C’est pourquoi je suis de ceux qui pensent que l’élu de Lwiza a certainement été recruté par des officines qui se sont donné pour mission de planter le décor de l’apocalypse afin de rendre invivable l’année électorale à venir. Car avant lui, un ancien Président de l’Assemblée nationale et désormais porte-parole d’un autre candidat déclaré à la présidence de la République y était aussi allé de sa diatribe acerbe. Tout porte à croire que d’autres encore sont sur les starting-blocks pour noircir tous les tableaux de la vie nationale afin de remplir leur part de contrat en contrepartie des aiguillons perçus auprès des marionnettistes tapis dans l’ombre.
Sinon, comment comprendre que l’honorable Delly Sessanga qui a eu le privilège de pratiquer à la fois le RCD/Goma et le MLC, les deux rébellions ayant servi de couverture aux agressions rwandaise et ougandaise, puisse s’étonner outre mesure de la résurgence du M23 et décréter urbi et orbi que l’occupation de Bunagana est le symbole de la faillite de l’État ? Comment expliquer qu’il fasse du pouvoir actuel l’auteur de tous les péchés d’Israël et de tous les fléaux qui assaillent la nation ? D’où vient qu’un homme d’ordinaire pondéré puisse subitement enfourcher des propos vexatoires à l’endroit de ceux qui se démènent à sortir le pays du gouffre abyssal dans lequel il patauge depuis l’indépendance ? Et surtout, comment quelqu’un dont le patriotisme faisait jusqu’ici l’unanimité malgré ses accointances incestueuses lointaines avec les deux agresseurs les plus redoutables de la RDC peut médire de son propre pays avec une virulence méphistophélique ?
C’est le lieu de dire à l’honorable Sessanga ainsi qu’à ses affidés missionnés pour faire du Congo bashing que le devoir de rationalité les oblige de raison garder même lorsqu’il faut accuser de rage un chien qu’on cherche à noyer. Si tant est que les nouveaux mercenaires recrutés pour diaboliser leurs propres institutions veulent conserver du crédit dans leur entreprise maléfique, ils auraient dû au moins sauver leur dignité en prenant tout de même la précaution de signaler les avancées enregistrées ainsi que les efforts salués par la communauté internationale, notamment dans la lutte contre la corruption et la mobilisation des recettes. De cette manière, une critique serait la mieux venue et aiderait même ceux qui tiennent le gouvernail à changer de fusil d’épaule, le cas échéant. Hélas, pour la pègre des dénigreurs assermentés stipendiés de la RDC à la solde des agendas obscurs, le verre n’est ni à moitié plein, ni à moitié vide, mais totalement vide. À en croire les récits préconçus placés dans les bouches des honorables Sessanga et autres Olivier Kamitatu, rien de bon ne se fait et ne peut se faire sans eux. Il faudrait naïvement attendre qu’ils arrivent au pouvoir pour tout changer par enchantement, dans la mesure où ils ne prennent même pas soin d’indiquer la voie à suivre pour faire mieux que ce qui est réalisé par le Président Tshisekedi.
L’époque où les Congolais croyaient encore au messianisme politique et à la poudre de Perlimpinpin est totalement révolue. Le Président Tshisekedi n’a jamais promis monts et merveilles pour bénéficier de la confiance du souverain primaire. Il s’est tout simplement engagé à coordonner les efforts de toutes les forces vives de la nation dans l’optique d’accroître le mieux être de tous à travers de nouvelles infrastructures, des services publics de qualité, la gratuité de l’enseignement, la couverture santé universelle, etc. Même si l’on est obnubilé par le poste qu’il occupe, le minimum du patriotisme exige qu’on épargne la mère patrie des médisances susceptibles de coller à son image pendant encore plusieurs décennies, y compris si un jour la chance vous sourit de conquérir le pouvoir. Une perspective qui risque de s’éloigner définitivement pour les fils et filles de la RDC recrutés pour affubler leur propre pays de noms d’oiseaux. Un enfant qui se moque des infirmités de ses parents se condamne lui-même à une malédiction certaine. Il en sera de même de ceux qui croient que pour gouverner la RDC il faut préalablement en dire tout le mal du monde.
Jean Thierry Monsenepwo Mototo
Membre de la Conférence des Présidents de l’Union sacrée