Par CAS-INFO
‘’On m’appelle soldat du peuple, je ne laisserai jamais voler sa victoire’’. Ce jour-là, aux portes de la Cour constitutionnelle, chemise blanche, qui ne le quitte plus, dossier de contestation sous les ailes, Martin Fayulu jouait l’une de ses dernières cartes contre les résultats provisoires de la CENI. Quelques jours plus tard, au beau milieu de la nuit de samedi 19 janvier 2019, douche froide. Faute de preuves, le recours du candidat de la coalition Lamuka est jugé « irrecevable » et Félix Tshisekedi confirmé 5e Président de la RDC. Au nez et à la barbe des chiffres de la CENCO et des médias internationaux. Inacceptable pour Martin Fayulu.
Alors, le candidat malheureux résiste. En ce moment-là, tous les espoirs sont encore permis. Tant qu’un groupe des chefs d’États africains doit encore débarquer à Kinshasa. Martin Fayulu – qui a dû penser dans ces instants au scénario Gbagbo Ouattara en Côte d’Ivoire ou encore récemment à l’opposant gambien Adama Barrow dont la victoire a été secourue par la CEDAO – doit jouer à fond cette carte étrangère. Premier acte, dans un communiqué lu à la presse, il s’autoproclame « seul Président légitime de la RDC » et demande dans la foulée à la Communauté internationale de ne pas reconnaitre l’autre pouvoir «illégitime». Acte deux. Ce qui est dit doit être vu. Martin Fayulu change les indications sur ses comptes réseaux sociaux. Il n’y est plus question d’homme politique congolais et Président de son parti, l’ECidé, mais de…Président élu de la République Démocratique du Congo. Résultats qui le donnent vainqueur à plus de 62% de voix, à l’appui.
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— Martin Fayulu (@MartinFayulu) 20 janvier 2019
La Communauté internationale ne répond plus
Problème, Martin Fayulu n’est ni Ouattara encore moins Barrow. Après avoir poussé pour obtenir un recomptage de voix, la Communauté internationale ne veut plus «mourir» pour lui. Les africains ont non seulement annulé sine die leur venue à Kinshasa, ils se bousculent désormais pour féliciter Félix Tshisekedi. En première ligne dans l’expédition avortée de Kinshasa, le Rwandais Paul Kagamé, qui a une histoire avec la RDC et de qui certains attendait le basculement de la situation, est aux abonnés absents. En Occident, même la France qui avait brisé les codes diplomatiques en reconnaissant Martin Fayulu comme le vrai vainqueur a pris note de la confirmation du nouveau président. Bref, il n’y a plus grand monde pour renverser la situation au profit du député de Lukunga.
Dans ces conditions, il ne restera au Président autoproclamé que deux choix, paralyser le pays par une forte mobilisation populaire et ainsi montrer à la même communauté internationale qu’elle a eu tort de le lâcher ou alors renoncer. Après avoir tenté de s’adresser à ses militants lundi au siège du MLC sans y parvenir et face au risque de débauchage dans les rangs de Lamuka à l’aune du nouveau Gouvernement Tshisekedi, Martin Fayulu pourrait bien se voir obligé de se résoudre à l’évidence du renoncement. Pour l’instant, on en est loin. « Je ne me laisserai pas faire, je ne céderai pas. », prévient le « soldat du peuple ». Pour combien de temps ?