Fayulu, Machine à voter

Par CAS-INFO

Voilà qui s’appelle se sortir d’un traquenard. Après des semaines d’une communication flottante, la coalition LAMUKA clarifie enfin sa position. La plateforme qui soutient la candidature de Martin Fayulu à la présidentielle du 23 décembre 2018 ira aux élections le dimanche prochain avec la machine à voter. Mais celle-ci ne sera utilisée que comme une imprimante, a annoncé [hier] le directeur de campagne du candidat, Pierre Lumbi.

Suivi avec enthousiasme par plusieurs milliers des Congolais à travers le pays, Martin Fayulu, affichait clairement son hostilité à ce qu’il n’a pas cessé de qualifier de « machine à tricher » tout en poursuivant sa campagne électorale. Une contradiction que ses rivaux, en particulier, Félix Tshisekedi, l’autre poids lourd de l’opposition, n’a pas hésité de souligner. Ce dernier a même invité les électeurs à se reporter sur sa candidature pour avoir plus de chance d’obtenir l’alternance et de rejeter non seulement la continuité incarnée par le candidat du pouvoir FCC Emmanuel Ramazani Shadary, mais aussi, la confusion entretenue par la coalition LAMUKA autour des machines à voter, a martelé le chef de file de l’UDPS samedi à Lubumbashi.

Sortir au plus vite, du flou…

Pour Martin Fayulu, la stratégie consistant à demander aux Congolais d’exiger les bulletins papier le 23 décembre avant de voter commençait à avoir ses limites. Alors que les élections approchent à grands pas, que la CENI maintient ses machines et que celles-ci bénéficient toujours d’une certaine compréhension de la Communauté internationale. Dans ces conditions, il fallait trouver une parade et se sortir au plus vite de ce piège, sans donner l’impression de se renier.

Mission accomplie non sans peine car la formation de Martin Fayulu est allée chercher loin pour justifier son changement de pied. « Conformément aux récentes recommandations de la Conférence épiscopale nationale du Congo et aux déclarations de la CENI, ces machines peuvent servir pour d’autres tâches telles que l’impression des bulletins de vote », explique désormais LAMUKA.

L’explication est laborieuse mais l’essentiel est là. Avec, enfin, cette clarification, Martin Fayulu peut maintenant poursuivre le processus électoral les deux pieds par terre. Et c’est loin d’être une bonne nouvelle pour ses adversaires, notamment Félix Tshisekedi qui espérait profiter de la situation pour lui prendre des voix. Mais aussi Joseph Kabila qui voit derrière le candidat de LAMUKA l’ombre de son ennemi juré, l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi. En évacuant toute incertitude sur les machines à voter, Martin Fayulu va à coup sûr remobiliser ses électeurs dont le nombre est de plus en plus grandissant à travers le pays.