Kamerhe, 100 jours

Par Yvon Muya

Entouré de ses avocats, Vital Kamerhe a quitté la salle d’audience de la prison de Makala samedi pour rejoindre sa cellule. Sans dire un seul mot. L’ex chef de cabinet du président Tshisekedi va sans doute se concentrer sur sa nouvelle stratégie après sa condamnation à 20 ans de travaux forcés. C’est la lourde peine qui est tombée dans le procès de « 100 jours ».

Cette fois-ci, pas des grandes envolées lyriques mais un regard stoïque, parfois, un sourire moqueur. Alors que Pierrot Bakenge, le président du tribunal de grande instance de Kinshasa Gombe, prononçait le jugement. L’un après l’autre, le juge a rappelé les chefs d’accusation à l’encontre des trois prévenus, Vital Kamerhe, Samih Jammal et Jeannot Muhima. Tous jugés pour corruption, détournent de fonds publics et blanchiment des capitaux, avant d’annoncer la sentance. Non seulement le tribunal a condamné Vital Kamerhe à 20 ans de travaux forcés. Il inflige également à l’ancien président de l’assemblée nationale 10 ans d’interdiction de droit de vote, d’éligibilité et d’exercer les fonctions publiques.

Le temps politique et le temps judiciaire

Déjà écarté de la vie politique depuis plus de deux mois, la décision du tribunal constitue un véritable écueil pour le leader de l’UNC. L’ambitieux Vital Kamerhe voit ainsi le ciel s’assombrir sur son avenir politique.

Dans l’immédiat, Vital Kamerhe qui s’est accroché jusqu’au bout à son poste de directeur de cabinet du Chef de l’État, devrait cette fois-ci perdre cette position pour de bon. Principal allié et membre influent de la coalition CACH, Félix Tshisekedi avait choisi de le préserver d’une humiliation en refusant de le révoquer. Préférant, en lieu et place, désigner un directeur de cabinet intérimaire. Pas sûr que la méthode douce du Chef de l’État tienne encore après ce verdict.

Pour Vital Kamerhe, se sont les jours mouvementés qui commencent. Car il va sans doute faire appel. Pour lui, le temps judiciaire et le temps politique vont désormais se bousculer. Sachant qu’il doit en même temps gérer les ambitions au sein de l’UNC et la possible recomposition des alliances au sein de la coalition au pouvoir provoquée par sa condamnation. Un sacré défi pour le candidat naturel de l’UNC à la présidentielle.