Katumbi, le retour

Par CAS-INFO

C’est l’événement politique du jour en Republique démocratique du Congo. Après trois ans d’exil, l’opposant congolais Moïse Katumbi rentre au pays ce lundi par son fief de Lubumbashi. Empêché de se présenter à l’élection présidentielle de décembre 2018, l’ex gouverneur du Katanga entend ouvrir une nouvelle page de sa carrière politique. Il aura remuer ciel et terre pour faire barrage à Joseph Kabila.

Mais pour Moïse Katumbi, l’heure est d’abord aux délices de retrouver sa terre natale et son peuple. Comme il a tweeté dimanche. Alors qu’il venait d’atterrir à Johannesburg, dernière étape avant ces retrouvailles qui s’annoncent palpitantes. « En 3 ans, que de voyages, de combats, de bras de fer sur le chemin de l’honneur », s’est toutefois exclamé son porte-parole Olivier Kamitatu. Une manière de prévenir que ce retour est aussi celui de la victoire pour l’opposant le plus pourchassé de la RDC. Lui qui aura joué un rôle de premier plan dans le dénouement de la crise politique provoquée par les manœuvres de maintien au pouvoir de l’ancien président. Avant de s’attirer les foudres de l’ancien régime.

En effet, lorsqu’il dégaine sa métaphore du 3e « faux penalty » le 24 décembre 2014 à Lubumbashi, Moïse Katumbi ne s’attendait sans doute pas à voir ce jour-là se déclencher contre lui une « guerre civile » sine missione (sans pitié). Pourtant, le propriétaire du TP Mazembe ne mettra pas trop de temps avant d’expérimenter le goût de la persécution réservée à l’opposant qu’il est devenu. Recrutement de mercenaires, spoliation de terrain, les affaires judiciaires douteuses se multiplient. Celles-ci aboutissent en mai 2016 par une condamnation à 3 ans de prison puis un exil forcé hors des frontières nationales.

Contraint à quitter le pays, celui qui fait alors figure d’hyper favori de la course à la succession de Joseph Kabila doit désormais mener son combat contre son ancien mentor de façon déterritorialisée. Et l’opération est en ce moment là un énorme succès. Grâce à sa richesse et son carnet d’adresse bien fourni, Moïse Katumbi rassemble plusieurs partis politiques d’opposition autour d’Étienne Tshisekedi à Genval. Derrière le patriarche, l’opposition congolaise est renforcée. Dans l’ombre, très proche de la famille Tshisekedi, le « Chairman » tire les ficelles. Après la disparition de l’opposant historique, il poursuit dans son élan en composant avec son fils, Félix, le partenariat le plus solide des différents courants anti-Kabila.

Outre la carte des partis, Moïse Katumbi mettra aussi en jeu ses réseaux. Washington, Bruxelles, Paris, Addis Abeba, Kigali, l’opposant est reçus dans toutes les capitales les plus puissantes. Mais aussi dans les forums économiques les plus prestigieux du continent africain. Adoubé par les grands de ce monde, y compris les Nations unies qui n’hésitent pas d’interférer dans les décisions judiciaires congolaises pour réclamer son retour au pays, le candidat d’Ensemble pour le Changement ne saura pas pour autant traverser la frontière en août 2018, soit 4 mois avant le scrutin. Il se contentera de suivre depuis l’étranger la victoire de son ami Félix Tshisekedi. Mais aussi, motif de satisfaction, le « 3e faux penalty » qui ne sera jamais tiré.