Avec notre envoyé spécial Chris Elongo
La ville de Kananga s’est réveillée ce lundi avec plus de policiers dans les coins stratégiques que d’habitude, a constaté notre envoyé spécial dans le chef-lieu de la province du Kasaï-Central. Normal. La ville est dans l’attente du chef de l’État.
Joseph Kabila entame une tournée qui va le conduire dans tout l’espace Kasaï, a annoncé le ministre de l’intérieur Emmanuel Shadary déjà présent à « Malandji wa Nshinga ».
Mais, dans une région déchirée par 8 mois de violences, à Kananga, le chef de l’État ne vient pas en terrain conquis. « Son arrivée ne va rien changer car il était déjà ici et après son départ tout a basculé », lance, pessimiste, Jonathan, 31 ans. Comme ce jeune sans emploi, beaucoup des Kasaïens de Kananga reprochent au gouvernement de n’avoir rien fait pour éviter le drame qui frappe leur province.
Même tonalité du côté de la société civile où on évoque un bilan beaucoup plus lourd que les chiffres annoncés jusque’ici par la Monusco concernant les victimes civiles et policières du conflit Kamwina Nsapu.
Dans la commune populaire de Nganza (certains l’appellent le Matete de Kananga), personne n’accepte de parler aux journalistes. « C’est le bastion de Kamwina Nsapu » confie un habitant qui ne souhaite pas en dire plus. C’est ici, en effet, que la commission diocésaine de communication sociale avait accusé fin mars les forces de l’ordre d’avoir procédé à l’élimination « systématique » des jeunes.
Pour autant, la vie a repris. Au marché central, Étalages et vendeurs ambulants ont retrouvé leur ambiance habituelle dans un climat, il est vrai, de morosité économique, qui frappe tout le pays. « C’est bien que le chef vienne pour en finir avec toute cette histoire [de Kamwina Nsapu]. On a besoin de la paix pour aller nous enrôler afin de pouvoir voter », espère Faustin, enseignant.
Joseph Kabila s’apprête à atterrir sous une pluie menaçante. À l’image d’une province qui a besoin d’être rassurée.