Par CAS-INFO

Les langues continuent à se délier après la visite très commentée du vice – ministre à la justice le lundi dernier à la prison de Makala.

Bernard Takahishe (UDPS) avait indiqué à la presse s’être rendu dans ce centre pénitentiaire sur instruction du président Tshisekedi pour se rendre compte des conditions de détention de trois chefs d’entreprises dont deux étrangers, incarcérés dans le cadre des enquêtes sur le détournement présumé de fonds alloués aux travaux des 100 jours du chef de l’État.

« Il y avait plus de peur que de mal, selon les informations nous parvenues, nous avons été saisi et instruit par le président de la République de venir vérifier tout ce qui se serait en train de se passer par rapport aux détenus qui étaient interpellés pour des raisons d’enquêtes, sur les logements sociaux et sur des sauts-de mouton, comme quoi ils étaient torturés, pendant leur interrogatoire et il fallait vérifier », avait-il justifié sa descente.

Des arguments qui ne passent pas notamment chez le diplomate Alphonse Ntumba Luaba, ancien ministre de la justice sous Laurent Désiré Kabila.

« J’ai été Vice ministre de la Justice sous Mzee. Je pouvais rendre visite aux détenus mais jamais aux prévenus sous instruction judiciaire, au risque d’interférer la tâche des magistrats », a réagi Ntumba Luaba sur son compte Twitter. Selon lui, le vice – ministre Bernard Takahishe a commis une « intrusion malheureuse », il doit reconnaître son « erreur et s’excuser ».

En déplacement en dehors de Kinshasa, Célestin Tunda Ya Kasende, titulaire au ministère de la justice a fait publier un communiqué dans lequel il désapprouve l’action menée par son adjoint. M. Tunda qui considère cette visite comme une « immixtion dans les enquêtes » rappelle que « la magistrature de la République Démocratique du Congo doit jouer pleinement son rôle et c’est de cette manière que nous aurons une justice efficace, totalement indépendante sans interférences. »

Un avis partagé par le coordonnateur de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (ACAJ). Selon Georges Kapiamba, il s’agit d’une ingérence inacceptable dans l’instruction d’un dossier judiciaire en cours.