En plein deuil pour la mort d’une figure de marque de l’opposition et alors que les Congolais s’interrogent encore sur la personne qui va (et peut) remplacer l’immense Étienne Tshisekedi, un anniversaire douloureux vient rappeler que la Majorité présidentielle traine aussi un vide toujours béant depuis maintenant 5 ans.

Le 12 février 2012, un jet privé, un Gulfstream 200 s’écrase à l’aéroport de Kavumu à Bukavu. À son bord, 4 personnalités de marque du régime, le ministre des finances Augustin Matata Ponyo, le gouverneur du Sud Kivu Marcellin Cishambo, l’ambassadeur itinérant du chef de l’État Antoine Ghonda et le conseiller spécial du président de la république Augustin Katumba Mwanke. Il sera la seule victime de l’accident avec les deux pilotes américains et deux paysans au sol, selon le bilan communiqué par le ministre de l’intérieur d’alors, Adolph Lumanu.

Moïse Katumbi est encore gouverneur du Katanga. Il s’en souvient.

Un grand vide en effet. Car la mort de Katumba Mwanke tombait comme un coup de tonnerre sur la tête du chef de l’État. Comme le rappelle Jeune Afrique ce 3 février 2012. « C’est lui qui l’accompagne, voire, l’a initié, depuis sa prise de pouvoir en 2001 », raconte un diplomate interrogé par l’hebdomadaire. Élu député national de Pweto (Katanga), il est surtout présenté comme chef de l’État « bis ». Président de ce fameux gouvernement parallèle dont tout le monde parle dans les couloirs du Palais du peuple (siège du Parlement).

Si dans l’hémicycle, Katumba Mwanke ne prend pas la parole, c’est son influence sur le chef de l’État qui fait surtout parler sa puissance. Aux dépends des autres rivaux autour du président. S’il en existait un de son vivant. C’est lui par exemple qui fait partir Vital Kamerhe qui se voyait un peu trop président du haut de son perchoir de l’Assemblée nationale en 2009. Six ans plutôt, en 2003, l’intègre ministre des finances Freddy Matungulu (aujourd’hui dans l’opposition), dépose sa démission, agacé par l’insistance du puissant conseiller à verser pour la deuxième fois 50 millions de dollars sur un compte de la présidence, rapportait encore Jeune Afrique.

Cité dans un rapport des Nations unies sur le pillage des ressources naturelles, à la manœuvre sur le contrôle par les multinationales des gisements miniers, faiseur des rois et des déchéances dans la cour présidentielle, l’éminence grise de Joseph Kabila aurait sans doute joué un rôle-clé dans la crise qui secoue le pays actuellement.

« De la même manière il pesait sur les décisions du président, il était le seul capable à l’appeler à renoncer », confie un conseiller dans un cabinet stratégique du pouvoir.