Après un mois d’attente, le gouvernement Tshibala est enfin connu. Joseph Kabila a signé l’ordonnance lue à la télévision nationale le mardi 9 Mai 2017. Et le moins qu’on puisse dire est que les grands changements attendus, les débauchages majeurs espérés et planifiés ou encore les signaux forts en vue de sortie de crise, ne sont pas au rendez-vous.
Déjà au contrôle des ministères régaliens dans le précédent gouvernement, la Majorité présidentielle reste « Maitre » à bord du nouveau bateau. Elle conserve ses poids lourds à tous les postes stratégiques. C’est le cas notamment du tout puissant porte-parole Lambert Mende qui reste à la communication. Engagé dans une offensive diplomatique massive sur le continent où il tente de vendre la thèse défendue par le pouvoir face à la crise, Léonard She Okitundu ne bouge pas non plus du ministère des Affaires étrangères. Idem pour Alexis Thambwe Mwamba qui conserve la justice. Il a été très actif dans l’affaire qui condamne à l’exil et la prison, l’opposant Moïse Katumbi.
Les autres fidèles qui ne bougent pas sont Emmanuel Shadari, à l’Intérieur, Gaston Musemena à l’Enseignement primaire et secondaire et l’inamovible Martin Kabwelulu, ministre des Mines depuis le premier gouvernement de Joseph Kabila après son élection en 2007.
Pas de gros poissons
La nomination de Bruno Tshibala, un frondeur du Rassemblement en lieu et place d’un membre du Rassemblement comme le prévoit l’accord de la Saint Sylvestre, était censé provoquer le ralliement d’un maximum de personnalités éminentes de l’opposition dite « radicale ». On en est bien loin. Le nouveau Premier ministre se contentera de l’avocat Tshibangu Kalala nommé ministre délégué auprès du Premier ministre, de Jean Pierre Lisanga Bonganga, nouveau ministre d’État chargé des relations avec le Parlement. Il venait juste de rallier Bruno Tshibala la semaine dernière en provenance des rangs de Félix Tshisekedi. Ou encore de Joseph Kapika à l’économie, d’Émery Okundji aux Postes et télécommunications, de Papy Niango aux Sports et du nouveau vice-ministre de la coopération internationale, Freddy Kita, exclu de la Démocratie Chrétienne, le parti de l’opposant Eugène Diomi Ndongala.
À la tête de la fronde qui a permis de déstabiliser le Rassemblement, le président des Fonus, Joseph Olenga Nkoy ne figure pas dans le nouveau gouvernement. Lui a-t-on promis la direction du Conseil national du suivi de l’accord et du processus électoral ? Un poste également convoité par l’ancien président de l’assemblée nationale Vital Kamerhe et le MLC de Jean Pierre Bemba qui se sont tous rapprochés du pouvoir ces derniers mois.
#RDC Nous tenons à féliciter vivement les sélectionnées du gouvernement d'un•national dirigé par le PM Tshibala,issu de l'accord du 31.12.16
— Joseph Olenghankoy (@NkoyJoseph) 9 mai 2017
Après avoir attendu un mois, le chef de l’État Joseph Kabila décide donc de lancer le gouvernement de transition sans grands bouleversements. Sans les équilibres censés guider un gouvernement issu d’un accord politique. Alors que les critiques fusent de partout sur le non-respect de cet accord du 31 décembre 2016.
En conservant ses meilleurs éléments sur les postes stratégiques, Joseph Kabila entend bien poursuivre dans son élan en gardant le contrôle, à la fois, de l’appareil de l’État et de l’agenda politique.