Niet. Le « non » du gouvernement congolais est ferme et il reste catégorique. La RDC « accepte d’accueillir une équipe des Nations unies, venant en appui à la Justice congolaise, dans le but de faire la lumière sur les atrocités au Kasaï », a redit la ministre congolaise des droits de l’Homme à l’ouverture de la 35e session du Conseil des Droits de l’Homme mardi à Genève.
Dans un discours à la fois offensif et destiné à réorienter les projecteurs de soupçon, non plus sur les autorités congolaises, mais sur ce « groupe terroriste » de Kamwina Nsapu, Marie Ange Mushobekwa a renvoyé dans les cordes les équipes de la Monusco parties enquêter sur les allégations de fosses communes au Kasaï, mais qui avaient dû repartir pour ne plus y retourner, « déçues », selon la ministre, de n’avoir pas trouvé ces fosses communes qu’elles avaient annoncées dans les médias quelques jours plutôt.
Preuve supplémentaire pour le Gouvernement congolais qu’il n’y a pas de raison de mettre en place une commission d’enquête internationale. De quoi inviter certains pays « à ne pas chercher à instrumentaliser le Conseil des droits de l’Homme pour régler des comptes aux États dont les dirigeants ne leur plaisent pas ».
Pour autant, le Conseil, au plus haut niveau, continue à apporter des nouveaux éléments accablants. À l’instar du Haut-commissaire aux droits de l’Homme qui a évoqué dans son discours, une nouvelle milice dénommée « Bana Mura », qui soutiendrait, selon lui, les autorités dans la lutte contre la rébellion Kamuina Nsapu, dans le territoire de Kamonia, et qui aurait « mené des attaques horribles contre des civils des groupes ethniques luba et lulua », a révélé Zeid Al-Hussein qui a, par ailleurs insisté sur l’existence de plus de 42 fosses communes « documentées ». Suffisant donc à ses yeux pour ouvrir une enquête internationale.
Invité de Tv5 mardi soir, le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba, véritable patron du dossier, lui a réservé une fin de non-recevoir.«Nous acceptons que les experts de l’Onu viennent. Ce que nous ne voulons pas c’est qu’on dise qu’on les envoie sans tenir compte des magistrats congolaises. Ça c’est inacceptable », a-t-il protesté. Un bras de fer dans lequel Kinshasa peut compter sur les pays africains en majorité hostiles à toute démarche de nature à « saper » la souveraineté de la RDC.
Mais alors que les Nations-unies comptent des victimes de ces violences au Kasaï dans leurs rangs, on se demande bien pour combien de temps encore les autorités congolaises vont continuer à résister. Réponse, Jeudi ou vendredi pour le vote ou non de la résolution sur la RDC.