Par CAS-INFO
Contre toute attente la CENI a annoncé mercredi que les électeurs de Beni et Butembo au Nord Kivu et ceux de Yumbi, dans la province du Maï Ndombe, soit plus d’un million de personnes ne devront pas voter le 30 décembre 2018. Raison évoquée, l’insécurité et l’épidémie d’Ébola qui sévit dans le nord-est du pays depuis plusieurs mois.
Si l’insécurité est une réalité quotidienne particulièrement à Beni, le choix d’écarter un si grand nombre d’électeurs à quelques jours du vote étonne. Cela n’a pas d’ailleurs échappé à l’opposition qui dénonce un prétexte fallacieux, ‘’car il y’a bien eu campagne dans ces contrées’’, a déclaré Martin. Le candidat de LAMUKA sera en effet la principale victime de cette décision, lui qui a bénéficié de plus de ferveur populaire à Beni et Butembo pendant la campagne électorale en novembre dernier.
Au-delà des conséquences sur les voix de l’opposition, c’est tout le processus qui pourrait être mis à mal par le dernier slalom de la commission électorale. Celle-ci ne s’est pas contentée de priver de vote une partie de la population. Sans attendre que celle-ci exerce son droit citoyen, la CENI prévoit déjà d’annoncer les résultats provisoires des élections de dimanche prochain le 6 janvier 2019, soit une semaine après les scrutins. Des résultats qui seront confirmés dès le 15 janvier 2019 tandis que, dans la foulée, le président élu prêtera serment le 18 janvier 2019. Ce qui ne laissera que peu de marge de manœuvre au contentieux électoral.
L’opposition poussée à la faute ?
Après avoir reporté les élections du 23 au 30 décembre 2018 sans vraiment fournir des raisons convaincantes, la CENI a trouvé un nouveau tour de passe-passe aussi bien douteux qu’efficace pour torpiller pour la nième fois le processus électoral. Pour l’opposition, elle se trouve une nouvelle fois piégée devant ce qui ressemble bien à une stratégie du fait accompli. « Si Beni, Butembo et Yumbi peuvent constituer un espace ‘’swing state’’, comment du 6 au 15 janvier 2019 proclamer et légitimer un ‘’Président élu’’ sans le vote des Compatriotes de ces territoires ? », s’est d’ailleurs interrogé l’ex ministre rallié à Cap vers le Changement, Tryphon Kin-Kiey Mulumba.
« [Corneille] Nangaa et la CENI ont prouvé leur mauvaise foi et leur incompétence. Les Congolais doivent se prendre en main et chasser ce régime », a pour sa part lancé l’opposant en exil Moïse Katumbi.
En effet, c’est tout le piège dans lequel l’ex gouverneur du Katanga, son candidat, Martin Fayulu et tous les opposant radicaux à Joseph Kabila se trouvent enfermés. Soit ils acceptent l’‘’inacceptable’’ et ils se livrent mains et pieds à l’abattoir, c’est-à-dire, à la victoire qui se dessine, du dauphin de Joseph Kabila. Soit, dans le pire des cas, ils engagent un bras de fer avec le régime de Joseph Kabila. Dans ce cas, nul ne pourrait en mesurer les conséquences. Jusqu’ici, le chef de l’État a fait la démonstration que c’est toujours lui qui avait le dernier mot sur la contestation.