Par Jean Pierre K

Après des mois de tension et méfiance, la confrontation entre l’église catholique et le Front Commun pour le Congo (FCC) commence à prendre les allures d’un dégel.

Les premiers signaux du rapprochement entre les deux parties avaient été envoyés fin janvier par Néhémie Mwilanya, dépêché à Mbandaka pour assister au culte de prise de possession canonique de Ernest Ngboko, nouvel archevêque de cette région ecclésiastique.

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La froidure entre les princes de l’église et l’ancien régime avait atteint des proportions exponentielles. Au crépuscule de son mandat, Kabila a quitté le palais présidentiel sur fond de « je te déteste, moi aussi », avec les catholiques. Son clan a même attribué en partie aux clergés, la débâcle du dauphin désigné, Emmanuel Ramazani Shadary.

Un cadeau pour sceller la détente

Dans un pays sous – continent avec une église catholique qui revendique 40 % des fidèles, il paraît périlleux d’engager un bras de fer avec la plus grande confession religieuse du pays. Kabila et les siens qui l’ont appris à leurs dépens renoncent à la confrontation et optent pour la cohabitation pacifique.
Et c’est encore le très discret Néhémie Mwilanya qui est à la manœuvre pour désamorcer la crise.

Hier jeudi, 06 février, le coordonnateur du FCC a été reçu par le cardinal Fridolin Ambongo pour un échange qui a duré près de 3 heures.

« Quand on est avec le père spirituel, on n’est pas pressé de partir. Parce qu’on veut prendre le maximum de conseils », dit-il à la presse. Les deux hommes se connaissent et avouent entretenir d’excellentes relations.

« On a déjà l’habitude de travailler ensemble et la rencontre d’aujourd’hui participe à cet échange que nous avons l’habitude de faire et je suis convaincu que ça va continuer », lâche devant les caméras, l’archevêque de Kinshasa dont le parc automobile vient d’être garni d’une nouvelle acquisition.

Une jeep 4×4 toute neuve reçue des mains de l’homme de confiance de Kabila, venu payer la promesse faite au successeur de Laurent Monsengwo lors de son accession à la tête de l’archevêché en novembre 2018.

Devenu cardinal une année plus tard, Fridolin Ambongo, avait publiquement taclé l’ancien régime pour son engagement non tenu.

« En réalité, il y avait un contexte électoral qui n’avait pas permis à ce que la promesse soit tenue dans le délai imparti », se défend l’ancien directeur de cabinet de Joseph Kabila.

« La promesse est une dette, elle est restée et donc l’ancien président avait tenu à ce qu’elle soit payée, ça vient alléger nos cœurs », ajoute Néhémie Mwilanya.

Un geste qui vient atténuer la tension crispée entre une église qui n’avait jamais ménagé le prédécesseur de Félix Tshisekedi. Mais au FCC, on reconnaît qu’il y a eu des incompréhensions et malentendus qu’ils auraient pu être surmonté s’ils se faisaient suffisamment confiance.
« Nous avons décidé de tourner la page », se réjouit Néhémie Mwilanya.

La rencontre de ce jeudi marque le point d’orgue de cette nouvelle donne entre une église politisée à outrance et un ancien régime toujours aussi influent et qui n’a pas encore dit son dernier pour les joutes électorales de 2023.