RDC, Élections, Reports

Par CAS-INFO

C’est le tube du moment en Republique Démocratique du Congo : le report. Un mot et deux petites syllabes mais qui est devenu banal dans la bouche des responsables de la Commission électorale nationale indépendante. Après avoir reporté à 3 reprises les élections qui étaient censées avoir lieu en décembre 2016, la CENI vient de s’engager dans une nouvelle série de reports. En renvoyant à plus tard et visiblement à l’infini, la publication des résultats d’élections déjà tardives.

Pour justifier ce nième rendez-vous manqué, le président de la CENI a évoqué la poursuite des travaux de ramassage et de transmission des plis des bureaux de vote vers les centres locaux de compilation. Alors qu’un peu plus de la moitié seulement des résultats compilés (53%) ont été traité en une semaine. Autant dire une éternité sachant que 75000 bureaux avaient ouvert leurs portes aux électeurs le 30 décembre dernier.

La nature a horreur du vide

En donnant l’impression de prendre son temps, Corneille Nangaa, et son équipe, jouent avec le feu. Car si cette attente des résultats qui se prolonge devient de plus en plus insupportable, elle crée également un dangereux vide que les autorités politiques et électorales ont déjà du mal à gérer. Elles qui sont confrontées à des structures indépendantes comme l’Église catholique qui n’hésitent plus à publier les conclusions de leur observation de ces élections touchant jusqu’au au secteur sensible des résultats des scrutins.

En effet, il s’agit de l’application stricte de la loi de la nature. Celle-ci ayant horreur du vide, elle se laisse occuper par le contenu de tous bords. À ce sujet, la CENI n’est pas au bout de ses peines car tous les partis entendent désormais ne pas se faire voler chacun sa victoire. Alors que la coalition Lamuka, regroupée derrière la candidature de Martin Fayulu mettait samedi dernier en garde contre toute tentation de « modifier » les résultats, ce dimanche, c’était au tour du Front Commun pour le Congo, la Coalition du pouvoir, de revendiquer la victoire de son candidat. « Nous avons des indices sans équivoque qui montrent clairement la victoire d’Emmanuel Ramazani Shadary », a déclaré son porte-parole Aimé Kilolo. Ajoutant un peu plus de la confusion à ce processus qui a déjà pris les allures d’une télé réalité.

Pour mettre fin à cette cacophonie qui a assez duré, Corneille Nangaa sait ce qu’il doit faire, c’est-à-dire, s’activer pour non seulement publier enfin ces résultats mais surtout des bons résultats. Il préservera le pays d’une nouvelle course folle de contentieux électoraux et de conflits postélectoraux.