Par CAS-INFO
Dans le dossier de la nationalité « italienne » de Moïse Katumbi, c’est un nouveau rebondissement qui ne sera pas sans conséquence. Il n’a pas en tout cas échappé au bonheur du clan de l’opposant. 24 heures seulement après les révélations fracassantes de Jeune Afrique selon lesquelles l’ancien gouverneur du Katanga avait acquis la nationalité italienne, des documents officiels, filtrés sur les réseaux sociaux, vendredi, l’identifiaient comme étant « Congolais ». Remettant ainsi en cause l’offensive du Pouvoir sur ce thème sensible.
Il s’agit en effet d’une requête de fixation d’audience dans l’affaire des « mercenaires », adressée le weekend dernier par le Procureur général de la Republique, à la Cour suprême de Justice. Si – Flory Kabange Numbi y rappelle les raisons des poursuites engagées par l’État congolais contre l’ex gouverneur du Katanga, accusé d’« avoir levé ou fait lever les troupes armées, engagé ou en enrôlé, fait engager ou enrôler des soldats ou leur a fourni des armes ou munitions, sans ordre ni autorisation du Gouvernement » – c’est sa déclinaison de l’identité de l’opposant congolais qui attire l’attention.
Moïse Katumbi, qu’on dit ne plus jouir de sa nationalité congolaise pour avoir acquis la nationalité italienne, est présenté purement et simplement comme un citoyen congolais. Et dans les moindres détails. Extrait :
« Monsieur le Premier Président […] j’ai l’honneur de vous transmettre […] le dossier judicaire […] ouvert à charge de : Moïse Katumbi Chapwe, Congolais, né à Lubumbashi le 28 décembre 1964, fils de Nissim et de Katumbi, originaire du village de Kashobwe, secteur Luapula. Territoire Kasenga, Province Haut Katanga, sans profession et marié à Madame Carine Nahayo et père de six enfants, résidant sur l’avenue Lofoyi n°22, Quartier Golf, Commune de Lubumbashi.», expose le texte consulté par CAS-INFO.
« Il ne savent plus à quoi s’accrocher »
Menacé de voir sa candidature à la présidentielle être remise en cause, Moïse Katumbi et ses proches ne pouvaient laisser passer faire pareil « dédouanement » opéré par un gardien de la loi au niveau si elevé de l’État. Ainsi, s’exprimant dans Jeune Afrique, vendredi, le porte-parole du candidat d’ENSEMBLE, Olivier Kamitatu, s’est interrogé, non sans ironie, si Katumbi n’était Congolais que « lorsqu’il faut le condamner » et Italien que « lorsqu’il faut l’exclure du scrutin présidentiel » ? Et l’ancien ministre d’espérer que « les écrits du Procureur vont clore définitivement le débat ».
“Ils ne savent plus à quoi s’accrocher », a pour sa part confié à CAS-INFO le député Françis Kalombo. Un autre proche qui assure que Moïse Katumbi se prépare sereinement à la prochaine campagne présidentielle.
Le débat sur la nationalité italienne de l’opposant congolais le plus en vue n’a pas fini de faire des vagues. S’il l’avait vraiment obtenu, l’ancien gouverneur du Katanga est censé avoir perdu celle de son pays de naissance, la RDC et se trouverait dans l’obligation d’« enclencher la procédure prévue par la loi pour recouvrer la nationalité congolaise”, comme le répète le ministre de la Justice Alexis Thambwe Mwamba.
En identifiant tous les co-accusés – Lewis Darryl ( « de nationalité américaine »), Malanga Itedjo Filston ( « de nationalité congolaise ») […] et Moïse Katumbi ( « Congolais »), selon leurs pays d’origine – le Procureur général de la république vient peut-être de mettre en mal la ligne de la Majorité Présidentielle dans sa « quête » des « voies et moyens » pour « écarter » le candidat Katumbi de la course présidentielle. Du moins dans ce dossier de la double nationalité.