Par Siméon Isako
Les États-Unis et la France sont-ils en train de s’immiscer dans le processus de désignation des animateurs de la CENI? L’accusation est lancée ce mardi, en exclusivité sur CAS-INFO, par une source proche des confessions religieuses. Ce participant aux discussions, qui a préféré garder l’anonymat, souligne une intense activité des ambassadeurs de deux pays ces derniers jours. Objectif, tenter de mettre à l’écart le candidat Denis Kadima. Du côté des ambassades, on garde un ton diplomatique.
« Nous nous sommes réunis avec les USA et la France plus de deux fois. A la CENCO, au Centre Kimbanguiste puis à la CIME« , déclare notre interlocuteur.
Ces réunions abordent plusieurs sujets, notamment la possibilité d’élargir les discussions aux autres confessions religieuses. Mais la question de la candidature de Kadima portée par l’église Kimbaguiste est vite devenue un sujet de préoccupation pour les ambassadeurs.
« La démarche des USA et de la France était d’aller dans le sens d’un compromis. Nous étions convaincus qu’au terme de leur mission, il y aurait un consensus. Alors que les échanges n’avaient pas encore abouti, l’ambassadeur américain a envoyé une délégation de son service à Nkamba avec pour objectif d’enquêter sur la véritable identité de Denis Kadima« , explique notre source.
Elle ajoute que Mike Hammer avait prévu de se rendre à Nkamba afin de rencontrer sa divinité Simon Kimbangu dans le but d’échanger sur la question électorale, « et précisément, celle de la désignation du président de la CENI« .
« Sur place, une équipe d’avance a effectivement annoncé l’arrivée imminente de l’ambassadeur américain. Cependant, l’Église a exigé à la délégation, le respect de la procédure. Celle-ci consiste à l’introduction d’une lettre officielle de demande d’audience pour ainsi signaler le déplacement du diplomate« , a-t-il poursuivi.
Pas de réponse de l’ambassade, et donc, pas de dispositions protocolaires de l’église pour accueillir ses hôtes de marque, ce qui n’a pas empêché les équipes de l’ambassade à descendre quand-même sur le terrain. « Elles ont été surprises en train de s’entretenir avec les fidèles Kimbanguiste au sujet de la personne de Denis Kadima » et de son lien réel avec l’église kimbanguiste, lance-t-il encore avant de conclure par une affirmation choc :
« Lorsque les USA et la France ont réalisé que les choses n’allaient pas dans leur sens, ils ont carrément demandé à l’église kimbanguiste de changer de candidat et d’en proposer un autre, [peu importe s’il sera] de la même zone linguistique que le chef de l’État« .
CAS-INFO a contacté les ambassades des États-Unis et de la France pour réagir à ces propos.
La représentation américaine ne nie pas les faits. Elle affirme cependant que le processus relatif à la désignation du président de la CENI est une affaire congolaise comme l’ambassadeur Hammer l’a déclaré publiquement.
Selon Megan Larson-Kone, chargée de la presse et des affaires culturelles à l’ambassade des États-Unis, « les États-Unis s’intéressent à un processus qui garantit que le futur président de la CENI possède les qualifications requises et soit sans reproche. Le futur président de la CENI doit faire en sorte que les prochaines élections se tiennent dans les délais en 2023 conformément à la constitution, qu’elles soient libres, équitables et transparentes et que les résultats reflètent les suffrages exprimés par le peuple congolais« .
« L’ambassadeur rencontre régulièrement tous les acteurs importants de la société congolaise, y compris les diverses confessions religieuses. Dans le cadre de son programme de rencontres et de ses efforts visant à bien comprendre la RDC, comme le font les autres ambassadeurs, l’ambassadeur Hammer espère rendre visite à et apprendre davantage de l’église Kimbanguiste« , ajoute-t-elle.