Kabila, Katumbi, Bemba

Par CAS-INFO

« Ce n’est pas nous, c’est la CPI qui l’a décidé. ». Tel un début de campagne électorale qui ne dit pas son nom. Voilà les Slogans qui ont agrémenté les rues de Kinshasa ce mercredi 1eraoût 2018. Et pour cause, les Kinois célébraient le retour de l’enfant du pays : Jean Pierre Bemba.

Après 11 ans, dont 10, passés dans une cellule de la Cour pénale internationale aux Pays Bas, l’ancien vice-président de la république a regagné le pays, auréolé de son acquittement de toutes les charges des crimes de guerre et crimes contre l’humanité et sans doute, avec une envie de prendre sa revanche. Car même s’il nie vouloir s’inscrire dans cette logique, le retour du « Chairman » ne constitue pas du tout une bonne nouvelle pour son rival de 2006, Joseph Kabila. Après s’en être débarrassé pendant une décennie et réussi à désorganiser ce qui restait de l’Opposition congolaise, voici le chef de l’État obligé de composer avec le « petit Mobutu » renaissant de ses cendres.

Certes, le jeune Léopard, privé de ses fourmis [ses anciens soldats] et affaibli par ces longues années de prison, n’a plus les mêmes griffes qu’il y a 10 ans. Mais cela n’a pas empêché le Pouvoir de Kinshasa de perturber son retour en déployant massivement les forces de l’ordre. En tirant des gaz lacrymogènes et en prenant le contrôle de son escorte. Histoire de lui priver ce bain de foule qui pourrait ou aurait pu s’avérer être un moment fondateur de la future campagne du candidat du Mouvement de libération du Congo.

Et maintenant, Katumbi…

Jean Pierre Bemba qui s’est contenté d’un simple « je suis content de rentrer au pays », n’a pas fait de déclaration ni commenter le calvaire vaincu par ses partisans face aux Policiers de Joseph Kabila. Mais la veille, le candidat du MLC – qui se trouve déjà, à l’instar de l’autre Opposant, Moïse Katumbi, dans le viseur de la Majorité présidentielle, qui n’exclut pas de le considérer lui aussi « inéligible », conformément à l’article 10 de la constitution, en raison de son autre affaire de « subornation de témoins » – n’a pas manqué de moquer sur la BBC, la « peur » qui gagne le Pouvoir. Peur, a-t-il souligné, de le voir revenir et être candidat.

Ainsi, en-t-il, de Moïse Katumbi, l’autre Opposant à Joseph Kabila qui s’apprête à empêcher les services de sécurités du Haut Katanga à bien dormir ce jeudi soir, à quelques heures de son propre retour au pays. Galvanisé par le comeback de son compère, Jean Pierre Bemba, Katumbi, qui peine depuis de mois à trouver un moyen de retrouver la terre de ses ancêtres n’a pas attendu pour partager, a-t-il écrit, sur son compte twitter, la joie de ses compatriotes de voir un fils du pays rentrer librement à la maison. « Son émotion doit être grande, nous la partageons. », a-t-il ajouté avant de lancer un “à très bientôt en RDC pour participer à une élection vraiment inclusive”.

Une manière en tous cas pour les deux Opposants de mettre la pression sur Joseph Kabila. Car même si Katumbi, qui n’a toujours pas reçu l’autorisation d’atterrir à Lubumashi risque de se voir refuser l’accès au Congo, l’enjeu de sa tentative de retour est de pousser encore un peu plus le Président de la république dans ses derniers retranchements, à quelques jours de la fermeture des bureaux d’enregistrement de candidatures et de l’exposer un peu plus devant la Communauté internationale comme ce Président qui refuse avec le Congo comme un bien privé. Joseph Kabila croyait s’être définitivement débarrassé de ses Opposants les plus dangereux… Au vu de ces retours qui passionnent le pays, ça ne semble pas vraiment le cas.