RDC, Kabila, élections

Par CAS-INFO

L’ancien ambassadeur de France en RDC a été sollicité ce vendredi par RFI pour commenter le processus électoral en cours et le report des élections du 23 au 30 décembre 2018 par la CENI. Aujourd’hui chercheur à l’Institut des Relations internationales et de Stratégies (IRIS), il a publié plusieurs articles sur le conflit dans l’est du Congo dont celui intitulé « Ressources naturelles, armes et violences dans les Kivus », où il détaille pillage, prédation et partage des richesses, qui expliquent le chaos dans lequel le pays est plongé depuis des décennies.

S’il croit que la CENI peut opérer certains miracles et faire parvenir à temps les bulletins de vote dans certaines régions éloignées du pays, Pierre Jacquemot ne se fait en revanche aucune illusion sur l’issue du vote dans moins de 10 jours si les élections auront lieu. Pour l’ex diplomate, la famille Kabila au pouvoir ne serait pas prête à céder.

Le fait, dit-il, de refuser de bénéficier d’observateurs étrangers impartiaux et de se priver de l’aide logistique de la Monusco, peut selon lui, justifier l’envie d’occulter des défaillances dans le dispositif électoral. Mais pas seulement. « Ce qu’il faut savoir, c’est mon point de vue en tout cas, c’est que le clan Kabila, qui est au pouvoir depuis 17 ans, ne voudra absolument rien céder, et il ne peut pas admettre aujourd’hui perdre ces élections. Il ne peut pas admettre que son candidat Ramazani Shadary arrive second au premier tour, et comme on sait que c’est un scrutin à un seul tour, il sera battu, c’est absolument inconcevable pour la famille. Donc tout est fait pour maintenir ce clan, d’une manière ou d’une autre, ce clan qui a des intérêts multiples, en particulier économiques. Et donc tous les moyens sont bons, en tout cas, pour entraver une observation neutre, extérieure, étrangère du processus électoral et peut-être pour manipuler le dispositif électoral à son profit. », détaille-t-il.

« C’est inconcevable dans le système congolais que le clan Kabila soit évincé du pouvoir. Il aurait beaucoup trop à perdre et son entourage tout autant. », a-t-il insisté.