Alexis Thambwe Mwamba

Il est au cœur du dispositif stratégique du Pouvoir. Le stratège en chef, même, insiste un proche. Dans la galaxie Kabila, Alexis Thambwe Mwamba est venu. Il est monté en puissance. Et, a trouvé sa place. Incontournable. Homme d’« affaires », judicaires, visant l’opposition, il est souvent à l’origine des projets sibyllins censés œuvrer au maintien de Joseph Kabila, dont le dernier mandat a expiré le 19 décembre 2016, au pouvoir. Et souvent, Alexis Thambwe Mwamba insiste.




Le lundi 5 juin 2017, le président de l’ACCO ne se fait pas d’illusion : « victoire de courte durée, malheureusement. Le projet reviendra plus vite que nous le croyons, avec la signature requise. Joseph Kabila ne lâche rien », a désespéré Adam Bombole sur twitter. L’ancien député faisait allusion au rejet par l’assemblée nationale pour « vice de procédure », quelques minutes plus plutôt, du projet de modification de la loi sur l’organisation et le fonctionnement de la Cour constitutionnelle.

Portée par le ministre de la Justice, la réforme vise à réduire de 9 à 5, les membres de la plus haute instance judiciaire du pays. En Mai 2016, la Cour avait, en effet, eu du mal à siéger pour décider de la prolongation du mandat du chef de l’État. Alors que 4 juges manquaient à l’appel. Aujourd’hui, l’opposition redoute une démarche visant à punir les haut-magistrats « rebelles ». Et comme l’imagine Adam Bombole, il n’est pas exclu de voir dans les prochains jours Alexis Thambwe Mwamba frapper encore à la porte de Palais du Peuple avec un nouveau document.

Car, le ministre de la justice n’est pas du genre à laisser l’affaire en cours de chemin. En mai 2016 lorsqu’éclate l’épisode de « recrutement de mercenaires », le néo-opposant, Moïse Katumbi, qui vient tout juste de rompre avec le Pouvoir l’apprend à ses dépens. « Une douzaine d’anciens militaires américains [seraient] présents au Katanga, tous à [sa] solde », se précipite Alexis Thambwe Mwamba. Mais très vite le dossier fait « pschitt », les preuves étant difficiles à défendre. Survient alors le procès pour « spoliation immobilière ». Condamné à 3 ans de prison, l’ex Gouverneur du Katanga fait opposition au jugement afin de rentrer au pays en homme libre. Le ministre de la Justice s’interpose:

« C’est son droit de rentrer au pays […] bien sûr, il ira directement en prison en attendant les procédures qu’il a engagées », insiste le ministre sur Rfi le 25 Juillet 2016. Promettant purement et simplement l’arrestation de l’opposant.


Moïse Katumbi se rendant au parquet de Lubumbashi en Mai 2016.

À présent que le dialogue de la Cité de l’Union Africaine débouche sur un accord le 18 Octobre 2016 et des mesures de décrispation susceptibles d’ouvrir la voie du retour au pays au candidat du G7, au micro de CAS-INFO, Alexis Thambwe Mwamba ressuscite un vieux débat. Celui de la nationalité.

« La loi congolaise est claire. Ne peut être candidat que celui qui est congolais de père et de mère. C’est la loi », insiste-il. Objet des poursuites judiciaires, l’ancien Gouverneur du Katanga est déjà, en ce moment-là, dans le collimateur de ses détracteurs en raison de sa supposée double nationalité. Avec, une nouvelle fois, à la manœuvre…Alexis Thambwe Mwamba.




Moqué par la presse pour sa gestion chaotique de l’évasion massive des détenus de la prison de Makala le 17 mai 2017, le ministre de la Justice est donc repassé à l’offensive avec un nouveau dossier sensible. Réduire le nombre des juges de la Cour constitutionnelle implique une modification de la constitution. Une perspective qui suscite les passions par les temps qui courent en RDC. Avec Thambwe Mwamba, nul ne sait par où ça peut s’arrêter.