C’était le coup de tonnerre de la semaine à la tête du football continental. À la surprise générale, l’Afrique du foot apprenait avec étonnement et incrédulité la défaite de l’indéboulonnable Issa Hayatou, battu le 16 Mars dernier à Addis Abeba, par un illustre inconnu.
En reversant Issa Hayatou de la tête de la Confédération Africaine de football, le modeste malgache Ahmad a non seulement mis fin à 29 ans de règne sans partage du Camerounais, il a surtout remis les projecteurs sur un système décrié sur le continent.
En effet, avec Hayatou, ce sont les réseaux clientélistes qui se sont implantés à la tête des fédérations du football dans différents pays africains. L’exemple de Kinshasa en RDC en est une illustration incontestable. Dirigé depuis 14 ans par le tout puissant Constant Omari, un fidèle disciple du président déchu, le football congolais ressemble aujourd’hui à un amalgame de jeu et de politique. Alors que les gouverneurs des provinces – dont le plus célèbre, Moïse Katumbi, président du Tout Puissant Mazembe, passé dans l’opposition ou encore, Alphonse Ngoyi Kasaï, l’actuel gouverneur du Kasaï Oriental, resté , lui, fidèle au régime de Joseph Kabila et à la tête du Club de Sanga Balende – ont soumis le ballon rond à leurs pieds ne laissant aucune chance aux petits clubs à faible budget et surtout sans positionnement politique.
Enfin, l’alternance au pouvoir ?
Mais la défaite d’Issa Hayatou a surtout raisonné pour des nombreux africains comme, enfin, une alternance au pouvoir. Alors que le continent fait face au fléau interminable des présidences à vie. Les 29 ans de règne de l’ex président de la CAF ont rappelé par exemple qu’au Cameroun son pays d’origine, Paul Biya, 84 ans, 37 ans au pouvoir est toujours là. Juste derrière le Zimbabwéen Robert Mugabe (93 ans), au pouvoir depuis 1980 et qui n’est pas toujours prêt à lâcher prise. Pour ne citer que ces deux là.
Les Congolais de Kinshasa confrontés à une crise de légitimité à la tête du pays, ceux de Brazzaville qui ont vu leur constitution être changée pour permettre à Denis Sassou Nguesso au pouvoir depuis 37 ans (dans l’ensemble de ses deux présidences) de garder son poste ou encore les Burundais qui entendent encore Pierre Nkurunzinza leur expliquer qu’il serait prêt à briguer un 4e mandat, après la sanglante crise de 2015 née justement de son maintien au pouvoir…
Ces africains là ont de quoi envier l’élection de la CAF du 16 Mars dernier. Là-bas au moins, un indéboulonnable président a été déboulonné.