Le Conseil national de suivi de l’accord du 31 décembre 2016, installé, fin janvier 2017 et le gouvernement de transition, investi au mois de Mars. Lorsqu’une semaine après la signature de l’Accord de la Saint Sylvestre, la composante MP faisait ces propositions, personne ne le croyait. Pourtant, on y est. Et la perspective, même, d’un nouveau gouvernement semble s’éloigner chaque jour un peu plus. Comment en est-on arrivé là ?
Si le décès surprise du leader de l’Udps Étienne Tshisekedi le 1er Février 2017 à Bruxelles a tout changé, la stratégie de la « tortue » mise en place par la Majorité présidentielle a fonctionné parfaitement. La signature « sous réserve » de l’accord a été la manœuvre la plus éclatante. Mais, « il y a surtout une volonté permanente de tout compliquer », s’agace un délégué du Rassemblement.
Kabila, Tshisekedi et Gramsci
Comme la majorité des dirigeants dans le monde, Joseph Kabila a dû s’inspirer du penseur italien des années 1920 dans la gestion d’une société hostile. Connu pour être emprisonné par le régime de Mussolini, Antonio Gramsci devient surtout célèbre grâce à sa théorie de l’hégémonie. En quoi consiste-t-elle ?
Pour Gramsci, dans une société, il y a la Superstructure (l’État) et les structures (différentes composantes de la société). Afin d’assurer l’harmonie entre différentes structures, l’État utilise les deux piliers à sa disposition : le consentement (dialogue) si un groupe contestataire veut coopérer et la coercition (répression) s’il engage une confrontation. Allant jusqu’à citer Lénine, Gramsci argumente que ce n’est pas parce que quelques structures ont des revendications que cela concerne toutes les autres.
Dès le début de la crise, Joseph Kabila a joué sur les deux tableaux (dialogue et répression). Jusqu’à ce dernier « consentement » du centre interdiocésain où la Superstructure (Kabila) se voit concurrencer par la Superstructure Bis (Étienne Tshisekedi) que l’accord veut ériger en surveillant de la bonne marche de la transition. On s’acheminait clairement vers un pays à deux têtes avec un centre de pouvoir au Palais de la Nation et un autre à Limete (fief de l’UDPS).
Mettre les structures en concurrence
Il faut alors semer la concurrence entre structures (souvenez-vous de Lénine). Instrumentalisés ou pas, début janvier, Ève Bazaïba et le Front pour le Respect de la Constitution contestent l’attribution du poste du président du Conseil national de Suivi de l’Accord et celui du Premier ministre au seul Rassemblement, faisant ainsi raisonner l’idée qu’il n’existe pas qu’une seule structure.
En pleine crise au sein du Rassemblement aujourd’hui éclaté en 3 groupes rivaux – celui dirigé par le tandem Félix Tshisekedi et Pierre Lumbi, celui porté par Olenghankoy et le 3e, plus petit, mais suffisant pour amplifier la confusion, chapeauté par Patrick Mayombe – l’ancien président de l’assemblée nationale Vital Kamerhe a suggéré que le pouvoir tirait les ficelles.
Le président national de l’UNC n’apporte pas des preuves, mais les faits sont là. 3 structures se regardent en chiens de faïence. Un scenario qui pousse souvent la Superstructure à intervenir pour rétablir l’ordre. Pourquoi pas laisser pourrir si la situation l’arrange.