Par Honorine Matondo , Professeur des universités et analystes politique
Lorsqu’en avril 2008, la RDC et le Groupement d’Entreprises Chinoises ont conclu une convention sur l’échange des projets d’infrastructures contre l’exploitation minière, la partie congolaise est un pays post-conflit qui, en plus, vient de sortir de ses toutes premières élections démocratiques depuis son indépendance. Le Gouvernement, qui est en quête de partenariats pour financer son programme, trouves-en ce partenariat une véritable aubaine pour mettre en œuvre ce programme.
Ce partenariat gagnant-gagnant, plus connu sous l’appellation « contrat chinois », est d’autant plus avantageux qu’il a été approuvé par le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et le Gouvernement de la République Populaire de Chine. De surcroît, les entreprises chinoises apportent sans doute des capitaux et de la technologie en RDC, comme signe de bonne volonté en faveur de ce partenariat afin de financer immédiatement le Projet d’Infrastructures et le Projet Minier et de favoriser la mise en œuvre de ces projets. Et la convention de collaboration est assortie d’une liste d’infrastructures qui traduit la légitime ambition de la RDC de se doter de moyens à même de booster son développement.
Aujourd’hui, quatorze années après, l’heure est à l’évaluation de la mise en œuvre de la convention proprement dite ainsi que des réalisations qu’elle a rapportées, surtout pour la partie congolaise. A ce stade, il est difficile de présager de l’issue de cette évaluation, mais sur terrain, les réalisations apportent l’information qu’il faut pour asseoir, à sa juste valeur, le jugement de ce qu’aura été l’apport du contrat chinois dans la transformation du vécu quotidien des congolais.
Mais bien avant de parvenir à l’évaluation de cet apport en infrastructures, un regard objectif devrait être jeté sur l’apport dont a été le contrat chinois dans la valorisation de l’actif minier congolais sur les sites d’exploitation de la Sicomines qui, en fait, est une entreprise de droit congolais à capitaux sino-congolais. Les gisements étaient enfuis sous 134 et 169 mètres de profondeurs d’eau qu’il fallait pomper, ce qui fut fait. En effet, Au cours du lancement de la production minière, les entreprises chinoises ont dû surmonter de nombreuses difficultés telles que l’insuffisance d’électricité, le manque de matériels, les difficultés de transport, etc. Surtout à ce moment-là, les deux mines étaient inondées d’eau d’une profondeur de 134 mètres et 169 mètres. Il avait donc fallu drainer 120 millions de mètres cubes d’eau pour créer les conditions préalables de la production.
Depuis lors, grâce aux efforts de la joint-venture Sicomines, la RDC peut être fière de disposer d’une société minière ayant le plus haut niveau d’automatisation et de modernisation, sans oublier les meilleures conditions de travail. La Sicomines justifie également de technologies de production respectueuses de l’environnement, tout ceci pour contribuer significativement à la modernisation et à la mise à niveau du secteur minier congolais.
Cette mise à niveau vient récemment de se renforcer avec la mise en service de la centrale hydroélectrique de Busanga, premier projet d’infrastructure énergique majeure dans le Grand-Katanga depuis plus de 60 ans et qui produit un dixième de la totalité d’électricité annuelle de la RDC. Cette centrale est un atout majeur qui, à moyen terme, va favoriser le développement économique régional durable et l’amélioration de la vie de la population.
Sur les infrastructures socioéconomiques proprement dites, ce sont au total 43 projets qui ont été réalisés par le financement la Sicomines. A leur nombre se comptent des routes urbaines qui ont transformé le visage de plusieurs villes congolaises. A commencer par la capitale Kinshasa et, principalement, le boulevard du 30 Juin, son artère centrale. Plusieurs autres routes d’intérêt provincial et national ont été touchées par les travaux financés par le contrat chinois.
Il en est autant des infrastructures sociales dont les hôpitaux comme celui du cinquantenaire à Kinshasa qui offre un plateau médical qui n’a rien à envier à ceux qui font courir les congolais en inde, en Chine et ailleurs à travers le monde. De plus, afin d’augmenter la capacité de la Regideso de production d’eau potable à Kamina et de réduire le taux des maladies dues à l’usage d’eau non potable à Kamina, la SICOMINES y a financé le Projet de Construction de l’Unité de captage et de traitement d’eau. Ce projet est en cours de réception provisoire.
D’autre part, la jeunesse sportive congolaise tire l’un des meilleurs bénéfices de ce partenariat avec quatre stades à travers le pays dont trois (Goma, Kalemie et Bunia) ont déjà été remis en pré-réception à l’Etat congolais.
Dans l’ensemble, l’on peut retenir qu’avec ces réalisations d’infrastructures, le contrat chinois, à travers la Sicomines a permis de dynamiser le développement économique d’une dizaine de provinces congolaises. Et les perspectives d’avenir s’annoncent plus radieuses, surtout avec les nouveaux termes de collaboration qui pourront résulter des consultations en cours.