Katumbi, Amnistie

Par CAS-INFO

Dans son interview à RFI, mardi, le Président du sénat, Léon Kengo Wa Dondo, a plaidé pour la participation de Moïse Katumbi à la présidentielle. « Comme il a été condamné, je demande au Président [de la république] de pouvoir l’amnistier. », a suggéré le deuxième personnage du pays, qui dénonce un procès politique.

Passer par la voie de l’amnistie impliquerait, selon plusieurs analystes de la crise congolaise, des négociations entre le Pouvoir et l’Opposition, et la possibilité d’un nouveau dialogue, synonyme de transition dans cette RDC qui en a pris l’habitude depuis près de trois décennies.

Problème, Moïse Katumbi rejette cette proposition. « Je n’ai pas besoin d’être amnistié parce que je n’ai rien fait », a déclaré l’ancien gouverneur du Katanga jeudi à Bruxelles. Interrogé vendredi sur RFI, le candidat d’Ensemble en a remis une couche. Il serait prêt, dit-il, à soutenir le candidat commun de l’Opposition si lui-même était définitivement exclu de la présidentielle du 23 décembre 2018. « Le plus important c’est d’avoir un candidat commun de l’opposition. C’est lui qui va nous faire gagner les élections. », a assuré l’opposant.

En refusant, pour l’instant, « la seule possibilité qui reste », selon l’expression du Président du Sénat, Moïse Katumbi, qui se définit comme « légaliste », lui, qui a saisi le Conseil d’État pour tenter de débloquer sa situation, entend bien renvoyer la pression sur les épaules du Chef de l’État. Pour Katumbi et son clan, le calcul est simple : jouer la montre et désigner la porte de sortie à Joseph Kabila. Le Président de la république a certes choisi un dauphin, mais l’opposition continue à le soupçonner de chercher à jouer les prolongations. Une perspective que seul un nouveau dialogue pourrait lui offrir.

Preuve de cette volonté, de « coincer » Kabila, chez les Katumbi, un des conseillers les plus proches de l’ex gouverneur du Katanga, Salomon Idi, publie sur les réseaux sociaux, un compte à rebours dont le malicieux objectif est de montrer que la « fin » du chef de l’État s’approchait à grand pas.

En multipliant les coups ces derniers jours encore sur un opposant déjà contraint à l’exil, empêché de traverser la frontière et sur qui pèse une pile des dossiers judiciaires – Katumbi faisant dormais l’objet d’un mandat d’arrêt international – le Gouvernement a sans doute cherché à pousser le favori des sondages dans ses derniers retranchements pour l’obliger à négocier. Une stratégie que semble avoir « vendu » Léon Kengo mais qui se heurte à une surprenante résistance de l’opposant le plus recherché de la RDC.

Attention toutefois car rien n’est perdu pour les deux camps. En sollicitant le Conseil d’État, le légaliste Katumbi ne recourt à rien d’autres qu’à une instance qui demeure toujours sous le contrôle du pouvoir présidentiel. Il pourrait devoir être obligé de baisser d’un ton.