Par CAS-INFO
L’ancien ambassadeur de France en Republique démocratique du Congo et chercheur associé à l’Institut des Relations internationales et Stratégiques (IRIS), Pierre Jacquemot, a analysé mercredi sur RFI le choix de Joseph Kabila de désigner un dauphin en vue de la présidentielle de décembre 2018.
S’il assure qu’en optant pour l’ancien ministre de l’intérieur Emmanuel Ramazani Shadary, une personnalité plutôt moins emblématique, le chef de l’État, a montré qu’il a tout contrôlé. Cependant, celui qui est également maître de conférences à l’École d’Études politiques de Paris estime que Joseph Kabila est loin d’être seul aux manettes.
« Joseph Kabila n’est pas seul à décider. Son entourage a un rôle important. Tous les gens qui tirent leur pouvoir, leurs postes, leur prébende de la présence de Kabila sont intéressés à son maintien, ou, en tout cas, sont intéressés à ce que la transition se fasse au bénéfice d’un proche de Kabila. », explique le diplomate.
Auteur d’un article révélateur intitulé « Ressources minérales, armes et violences dans les Kivus », dans lequel il expliquait en 2009 qu’arrivé au pouvoir en 1997 après la chute de Mobutu, [le système Kabila] poursuivit les pratiques de prédation. « Et pour cela, il s’appuya sur les figures familières de la corruption, du clientélisme et de l’impunité. », écrivait-il. Une analyse qu’il continue à partager concernant le système Joseph Kabila, actuel.
« C’est valable pour la RDC mais ça serait également valable pour le Cameroun, le Congo voisin, le Gabon, les pays de la région de l’Afrique Centrale où le système clientéliste et le népotisme ambiant font que le Président n’est pas seul dans l’arène politique face au reste de ses concitoyens. », a précisé l’ancien représentant de la France à Kinshasa.
Emmanuel Shadary faisant l’objet des sanctions de l’Union européenne pour violation des droits de l’homme et répression des manifestations d’opposants, Pierre Jacquemot voit dans son choix une manière pour Joseph Kabila de défier un peu plus la communauté internationale. « Il y a une part de provocation dans cette nomination. Un pied de nez pour Joseph Kabila qui affiche son indépendance vis-à-vis de la communauté internationale ».