Par Yvon Muya
C’est l’événement politique du weekend en Republique Démocratique du Congo. L’historien congolais, connu surtout pour sa célèbre chronique, Mémoire d’un Continent, diffusée sur Radio France Internationale, a adhéré samedi au Front commun pour le Congo, FCC, le nouveau regroupement politique du Président Kabila. Le moins qu’on puisse dire est que ce choix a tout de suite suscité de nombreuses critiques.
Si, l’universitaire, déjà présent aux concertations nationales du Palais du peuple en 2013, puis, en 2016, au dialogue de la Cité de l’union africaine, évoque la « suite logique » de sa participation à ces différentes discussions entre Congolais, pour justifier son geste, sa nouvelle approche et son nouveau contenu n’arrivent pas n’importe quand. Il y a d’abord le timing. L’une des voix fortes d’Afrique sur la radio « mondiale » adhère à la mouvance présidentielle en pleine tourmente, alors que le pays attend dans une certaine inquiétude des élections reportées depuis plus de deux ans. Tandis que, de l’autre côté, la mosaïque de partis, personnalités et idéologies qui forment le FCC expose le nouvel adhérent aux critiques contre une participation, cette fois-ci, à un arbre à palabre plutôt sujet à questionnements.
Un legaliste contre des anarchistes ?
Qu’importe. Pour la Majorité présidentielle, et en particulier, le chef de l’État, il tient sa recrue de prestige. Confronté à la contestation des universitaires dont les professeurs Thierry Landu et l’emblématique Isidore Ndaywell – membres du CLC, qui promettent encore de mobiliser la rue contre Joseph Kabila durant tout le mois d’Août en cas de 3e candidature – auxquels il faut ajouter les récentes critiques d’un autre intellectuel congolais, Bob Kabamba, professeur de science politique à l’université de Liège – en s’adjugeant le Professeur Elikia Mbokolo dans son camp, le Président de la république a sans aucun doute de quoi équilibrer les débats.
C’est d’ailleurs Elikia Mbokolo qui s’est chargé en personne de faire passer le message. Tout en promettant que la vague FCC va faire « tache d’huile » et se rependre dans tout le pays jusque dans la diaspora congolaise, l’universitaire vedette n’a pas tarder à faire valoir que sa nouvelle plateforme était la poursuite normale des activités qui visent à instaurer une véritable réconciliation de l’ensemble de Congolais. Une renonciation, a-t-il ajouté, qui ne « veut pas dire que tout le monde pense la même chose mais qu’on débat dans des espaces prévus pour cela ». Une manière de fustiger sans la nommer la rue prônée par ses pairs du CLC. D’opposer à l’ « anarchie » le légalisme ?
Son choix n’est pas en tout cas passé inaperçu du côté de l’opposition. « À l’opposé du [Professeur] Ndaywell, [Professeur] Mbata et autres, Elikia Mbokolo, Professeur d’histoire, a choisi la petite porte pour entrer dans l’histoire, au nom de la liberté. L’histoire en parlera. », a dénoncé sur twitter le Président de l’UDA, André Claudel Lubaya.